(Ottawa) Le gouvernement britannique est préoccupé et déçu que le Parlement canadien ne soit pas en mesure de ratifier le nouvel accord commercial entre les deux pays avant le 1er janvier.

Des responsables commerciaux britanniques ont déclaré jeudi qu’ils craignaient que ce délai n’inflige « des dommages » aux entreprises. Ils ont mis en cause les politiciens canadiens qui, selon eux, ne savent pas mettre de côté leurs divergences partisanes.

Le système britannique a la « bande passante » (« bandwidth » en anglais) nécessaire pour approuver formellement l’accord dans les délais prévus, ont affirmé ces responsables sous le couvert de l’anonymat.

Ils faisaient référence au même terme utilisé par le premier ministre Justin Trudeau le mois dernier pour décrire le défi auquel le ministère britannique du Commerce était confronté dans la négociation simultanée d’accords commerciaux avec l’Union européenne, l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.

Le commerce entre le Canada et le Royaume-Uni était jusqu’à maintenant encadré par l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, mais lorsque le Royaume-Uni achèvera son « Brexit » à la fin de 2020, cet accord ne s’appliquera plus.

Le nouvel accord commercial provisoire entre Ottawa et Londres a été annoncé en fanfare le 21 novembre par M. Trudeau et son homologue Boris Johnson. L’accord était nécessaire pour éviter l’application automatique de nouveaux tarifs douaniers, pouvant aller jusqu’à 10 %, sur une série d’exportations canadiennes à partir du 1er janvier.

Le nouvel accord a été signé par le haut-commissaire adjoint britannique, David Reed, et le sous-ministre du Commerce du Canada, John Hannaford, lors d’une cérémonie à huis clos mercredi.

Plus tard dans la journée, le gouvernement libéral a déposé un projet de loi à la Chambre des communes pour officialiser le nouveau pacte, deux jours avant l’ajournement de vendredi pour la pause du temps des Fêtes. Le Parlement ne devrait pas siéger à nouveau avant la fin du mois de janvier.

Les responsables britanniques ont fait part de leurs préoccupations jeudi, affirmant qu’ils s’étaient engagés à travailler avec le Canada sur une « transition sans heurt » qui semblait s’effriter à la toute dernière minute « apparemment en raison d’un manque de soutien entre les partis ».

Lors d’un témoignage devant le Comité du commerce international de la Chambre des communes il y a une dizaine de jours, la ministre du Commerce, Mary Ng, avait affirmé que les deux pays n’avaient pas encore élaboré le texte final de l’accord et qu’elle ne pouvait pas s’engager à faire adopter le projet de loi avant l’ajournement des Communes cette semaine.

Mme Ng avait indiqué que les deux pays travaillaient sur des « mesures d’atténuation » pour assurer la stabilité des entreprises et empêcher de nouveaux tarifs douaniers. Mais elle n’a offert aucun détail malgré les pressions répétées des députés de l’opposition.

Les responsables britanniques ont déclaré qu’ils tentaient de mettre en place des « arrangements d’urgence » en collaboration avec les entreprises britanniques.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a dit qu’il n’était au courant d’aucune discussion entre les partis pour ratifier l’accord commercial d’ici vendredi. Il a également indiqué qu’il n’était pas pressé de voir cela se produire parce que les accords commerciaux passés ont profité aux grandes entreprises multinationales et non aux travailleurs, selon lui.

« Je ne veux pas que nous nous précipitions sur un accord qui ne protégera pas les travailleurs. Il doit s’agir d’un accord qui donne à nos travailleurs au Canada des règles du jeu équitables pour concurrencer les travailleurs du monde entier. »