Les malheurs du centre-ville de Montréal se traduiraient par une hausse des taxes municipales si ceux-ci devaient s’éterniser après les campagnes de vaccination, d’après une simulation réalisée pour le compte de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Selon la Chambre, une baisse de fréquentation durable au centre-ville qui aurait pour effet de faire chuter la valeur des immeubles commerciaux au centre-ville de 30 %, par exemple, forcerait la Ville à hausser les taxes municipales de près de 5 % de l’ensemble des contribuables résidentiels pour boucler son budget.

Pour 2021, rappelons que c’est un quasi-gel du taux de taxation qui a cours selon le budget déposé cet automne par l’administration Plante.

La Chambre de commerce a dévoilé mercredi les grandes lignes d’un plan de 11 actions pour relancer les activités au centre-ville dans le cadre de l’initiative Relançons MTL.

Aux yeux de Michel Leblanc, président de la CCMM, il existe un grand risque que la situation causée par la pandémie se transforme en crise structurelle si le choc des mesures sanitaires entraîne le territoire dans une spirale de dévitalisation.

Une spirale de dévitalisation, c’est l’effet de la saucisse Hygrade à l’envers. Moins de gens fréquentent le centre-ville parce que tout est fermé. Et tout est fermé parce que personne ne s’y rend.

« À titre d’exemple, explique la CCMM, une perte de 30 % de la valeur des immeubles commerciaux du centre-ville se traduirait par une perte de revenus de 131 millions de dollars pour la Ville. Si cette perte n’est ni compensée par l’augmentation des services tarifés ni par d’autres sources de revenus, elle obligerait la Ville de Montréal à augmenter les taxes foncières résidentielles de 4,7 % sur tout son territoire », expose la Chambre dans son plan d’action.

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Selon Michel Leblanc, président de la CCMM, il existe un grand risque que la situation causée par la pandémie se transforme en crise structurelle pour le centre-ville de Montréal.

La dévitalisation du centre-ville est l’affaire de tous les Montréalais.

Michel Leblanc, président de la CCMM

Michel Blanc prône notamment l’ajout d’ici 2025 de 20 000 résidants au centre-ville, qui en compte déjà 60 000, et la diffusion d’une campagne de promotion concernant l’utilisation sécuritaire des transports collectifs parmi les mesures proposées.

Il est question aussi de développer une image de marque pour Montréal à l’image de I Amsterdam, Be Berlin et de Only Lyon.

Table de concertation réclamée

La mairesse Valérie Plante participait à l’évènement. Michel Leblanc lui a demandé sa réponse à l’offre des promoteurs immobiliers menés par Devimco de créer une table de concertation dans le but d’accélérer la réalisation de projets d’envergure.

« Bien sûr, s’il y a des manières où l’on peut tous s’asseoir et discuter des projets à venir, [je suis pour] évidemment, a dit Mme Plante. Cela dit, il faut aussi comprendre le rôle de chacun. Un promoteur est un investisseur qui crée de la richesse et qui en prend aussi. La Ville a aussi un rôle, qui est de planifier l’ensemble du territoire pour l’ensemble des citoyens. On doit pouvoir trouver des façons pour mieux se comprendre et voir comment on peut avoir les meilleurs projets qui vont servir à l’ensemble de la communauté. »

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La Chambre de commerce a dévoilé mercredi les grandes lignes d’un plan pour relancer les activités au centre-ville de Montréal. La mairesse Valérie Plante était présente.

Une réaction qui a fait dire à Michel Leblanc un peu plus tard dans sa présentation « que le mieux [était] l’ennemi du bien et qu’à trop vouloir le projet parfait il y a un risque que le bon projet n’arrive pas. »

Devimco revient à la charge

Plus tard en matinée, le président de Devimco, Serge Goulet a suggéré « la conception d’une grille d’évaluation des retombées économiques et sociales des grands projets afin d’évaluer et de quantifier ce que chacun peut offrir au-delà des minimums exigés par la réglementation », selon un communiqué diffusé par la société.

Cette grille comprendrait donc des critères de performance fondés sur ce que les promoteurs proposeront en valeur ajoutée dans les domaines : tourisme et patrimoine, habitation (lire plus de logements sociaux), infrastructures publiques (des écoles), développement durable (des parcs), mobilité (des stationnements de vélos) et création d’emplois.

« En contrepartie de cette contribution, la Ville de Montréal devrait accepter de rendre plus flexibles certains règlements ou accorder une plus grande densification des projets », a indiqué M. Goulet.