(Québec) Se disant inquiets de la gestion et du sous-investissement au mont Sainte-Anne, des gens d’affaires de la capitale viennent de créer un organisme sans but lucratif pour obtenir l’oreille du propriétaire des lieux.

« Il faut redonner ses lettres de noblesse à la montagne », lance en entrevue l’ancien grand patron de l’Industrielle Alliance, Yvon Charest.

Aux côtés de plusieurs acteurs influents du monde des affaires – dont Michel Gendreau, de Garaga, et Louis Têtu, de Coveo – et de citoyens, M. Charest vient de fonder Les Amis du mont Sainte-Anne.

La création du groupe survient à un moment où de nombreux usagers de la montagne se plaignent, notamment sur les réseaux sociaux, de la gestion du propriétaire, Resorts of the Canadian Rockies (RCR).

Deux incidents avec les télécabines ont retenu l’attention l’hiver dernier. Par deux fois, un arrêt brusque de la remontée avait fait des blessés. Les télécabines sont fermées depuis mars dernier, mais une annonce à leur sujet est attendue d’ici la fin de la semaine.

Outre le ski alpin, Yvon Charest rapporte plusieurs insatisfactions des fondeurs, des cyclistes et des randonneurs qui fréquentent la montagne.

« Des gens ont commencé à venir me voir, ils trouvaient que la montagne manquait d’amour, qu’après des années de sous-financement, on commençait à souffrir », raconte M. Charest, lui-même un habitué des pistes de ski de fond du mont Sainte-Anne. Il possède d’ailleurs une résidence à Saint-Ferréol-les-Neiges.

Que reproche-t-on au propriétaire ? M. Charest parle d’infrastructures mal entretenues, d’un manque d’investissement dans le développement de sentiers ou de pistes et de certaines décisions qui ont mal passé auprès des usagers.

« Dans les dernières années, ce sont les clubs, les clubs de vélo de montagne, les clubs de ski, qui ont amélioré les infrastructures. La communauté a investi 1,7 million dans la montagne pour les activités autres dans les dernières années », avance Yvon Charest.

« À un moment, la communauté va se dire : si la seule contribution de RCR, c’est d’enlever le cadenas pour qu’on puisse améliorer la montagne, on est aussi bien de le faire soi-même. »

Le Club cycliste Mont-Sainte-Anne (CCMSA), qui revendique 550 membres, partage plusieurs des doléances de M. Charest.

« Malgré les efforts du personnel en place pour le maintenir en état, le chalet de ski de fond – qui sert aussi pour le vélo de montagne l’été – mériterait une importante cure de jeunesse, sinon d’être remplacé », note par exemple Jacques Savard, du CCMSA.

Selon M. Savard, le propriétaire doit faire mieux. « Tout commence par un plan d’investissements majeur », dit-il.

Horizon 2024

La station mont Sainte-Anne (MSA), filiale de RCR, refuse pour le moment de donner des entrevues à propos de la création du groupe.

« Le MSA est en communication avec le groupe depuis qu’ils nous ont approchés », s’est contenté de préciser Simon Lefebvre, chef de service aux communications.

Les Amis du Mont-Sainte-Anne disent vouloir travailler avec RCR pour trouver des solutions. Mais si ça ne fonctionne pas, Yvon Charest rappelle que le gouvernement aura des décisions importantes à prendre en 2024.

Cette année-là, la SEPAQ doit décider de renouveler ou non l’entente qu’elle détient avec MSA pour les immeubles avoisinants la station de ski. Ce sont les immeubles utilisés notamment pour le ski de fond et le vélo de montagne, explique M. Charest. Cette entente arrive à échéance en 2029.

L’entente qui donne à MSA la propriété superficiaire des immeubles composant la station de ski alpin vient quant à elle à échéance en 2093.

« On a dit à RCR : écoutez les amis, il y a une grande insatisfaction de la population, on voit que l’équipement se détériore de façon progressive, on est prêts à vous aider et voici nos idées », explique le président des Amis du mont Sainte-Anne, Yvon Charest.

« La question de savoir si RCR va collaborer à ça. Parce que l’autre option c’est qu’à un moment donné la communauté va dire à la SEPAQ : écoutez, on va s’en occuper, nous, de la montagne, on est capables. »

Le mont Sainte-Anne a longtemps été propriété du gouvernement du Québec. Il a été privatisé en 1994, et racheté par RCR en 1999.