(Québec) Un directeur parlementaire du budget n’aurait jamais avalisé la mise à jour économique et financière du gouvernement Legault présentée jeudi.

C’est ce que soutient le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon en réclamant la mise sur pied de cette instance indépendante réclamée depuis plusieurs années maintenant. Il s’agit en quelque sorte d’un chien de garde des finances publiques, un bureau chargé notamment d’analyser les documents budgétaires présentés par le gouvernement et de se prononcer sur leur validité.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne diffusée dimanche, M. St-Pierre Plamondon soutient que le ministre des Finances, Éric Girard, n’aurait pas déposé sa mise à jour dans sa forme actuelle sachant qu’elle aurait été décryptée et durement critiquée par un directeur parlementaire du budget.

« Il apporterait un éclairage sur des manquements de la mise à jour, entre ce qui est dit et la réalité, a plaidé le chef du PQ. La CAQ a déjà des problèmes de transparence, ce document-là est révélateur de ce manque de transparence important. »

Rappelons que le document comporte des projections sur trois ans plutôt que les cinq ans prévus habituellement. Or il prévoit pour trois ans un total de 30 milliards de déficit cumulé — 15 milliards cette année, 8 milliards l’an prochain et 7 milliards dans deux ans — mais un retour à l’équilibre budgétaire dans cinq ans, hors du cadre prévu, sans expliquer précisément comment.

« Ils promettent un retour à l’équilibre budgétaire, mais on ne pas pas savoir quel est le plan. À l’an 3 du plan actuel, il reste 7 milliards de déficit, mais il ne restera plus que deux ans après pour arriver à l’équilibre budgétaire. Cela soulève des questions de confiance. S’il y a un atout pour passer de 7 milliards à zéro, il faut l’expliquer dans la mise à jour. »

M. St-Pierre Plamondon se questionne également sur les attentes du gouvernement Legault envers Ottawa. La mise à jour souligne que le Québec compte sur la hausse du transfert fédéral en santé pour boucler l’écart entre les revenus et les dépenses. Éric Girard espère obtenir 6 milliards de plus par an, mais les négociations ne sont pas commencées.

« C’est basé sur quel fait ? a demandé le chef péquiste. Est-ce une hypothèse ? Un vœu pieu ou une information qui permet rigoureusement d’inclure cette hypothèse. »

Le chef du PQ rappelle que la Coalition avenir Québec (CAQ) avait pourtant voté pour une motion en Chambre il y a exactement un an demandant la mise en place d’un directeur parlementaire du budget, comme il en existe un à Ottawa.

« Le besoin est plus criant que jamais actuellement, a conclu le chef du PQ. C’est un manquement à un engagement et cela a une incidence importante actuellement. »

Une trentaine de pays se sont dotés de ce type d’institution dans le monde, a fait valoir l’Association des économistes québécois.