La majorité des Canadiens sont prêts à débourser une légère prime pour des aliments locaux, révèle un sondage rendu public ce jeudi

L’autonomie alimentaire est un concept à la mode, mais le consommateur est-il prêt à payer une prime pour des aliments cultivés localement ? Près de 80 % des Canadiens seraient disposés à payer plus cher pour des fruits et légumes produits près de chez eux, sans toutefois se ruiner pour le faire.

Le porte-monnaie parle. C’est ce que révèle un sondage mené par le Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie, dont les résultats ont été rendus publics jeudi matin.

Le coup de sonde a été mené par la firme Caddle au début du mois d’octobre auprès de 10 266 Canadiens, dont 1539 Québécois. La majorité des gens sondés – soit 36 % – indique qu’elle serait prête à débourser une prime de « moins de 10 % » pour un produit local, tandis que 35 % des répondants acceptaient des aliments à des prix de « 10 % à 20 % » supérieurs.

« Souhaiter, ce n’est pas suffisant. Il faut aligner les conditions gagnantes pour que les gens achètent local », affirme le directeur du laboratoire, le professeur Sylvain Charlebois. « Ce qu’il faut faire, c’est s’attaquer aux prix, au modèle économique de la production. »

Les jeunes Canadiens semblent par ailleurs plus enclins à vouloir débourser davantage pour des aliments locaux. Plus de la moitié des répondants issus de la génération Z (née après 1997) est prête à payer une prime supérieure à 10 %. Les baby-boomers ne sont que 38 %.

Quelle prime êtes-vous prêts à payer pour des produits frais cultivés localement ?

Je ne suis pas d’accord à payer une prime : 20,5 %
Moins de 10 % : 36,2 %
De 10 % à 20 % : 34,4 %
De 20 % à 40 % : 7 %
Plus de 40 % : 1,9 %

Et pour les légumes de serre ?

La notion d’achat local a fait couler beaucoup d’encre depuis le début de la pandémie. À maintes reprises durant son point de presse quotidien sur la crise sanitaire, le premier ministre François Legault a indiqué qu’il souhaitait accroître la production locale afin de réduire notre dépendance aux denrées de l’étranger.

Le Québec étant un territoire nordique, le gouvernement Legault souhaite doubler la superficie des serres dans la province au cours des prochaines années. Québec compte y parvenir en offrant un tarif préférentiel d’hydroélectricité pour l’éclairage de photosynthèse, qui sert à faire croître les plantes.

À l’énoncé « je paierais une prime pour la production fraîche hors saison cultivée localement dans les serres ou en utilisant d’autres technologies par rapport aux alternatives importées », 59 % des Québécois ont acquiescé, contre 52 % chez l’ensemble des Canadiens.

Qu’est-ce qu’un aliment local ?

Produit à moins de 50, 100 ou 250 km : l’interprétation de ce que constitue un aliment local varie grandement. « Local, ça veut dire bien des choses pour bien du monde », souligne M. Charlebois.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Selon l’Agence canadienne d’inspection des aliments, un aliment local est soit produit dans la province où il est vendu, soit vendu dans un rayon de 50 kilomètres de la province ou du territoire d’origine.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) s’est dotée d’une définition large : un aliment local est soit produit dans la province où il est vendu, soit vendu dans un rayon de 50 kilomètres de la province ou du territoire d’origine.

Fait intéressant, la compréhension de ce que constitue un aliment local varie d’une province à l’autre. Les répondants des provinces dites maraîchères comme le Québec, l’Ontario et la Colombie-Britannique estiment que les aliments produits dans leur région immédiate sont locaux. Les habitants des provinces des Prairies ou de l’Atlantique ont plutôt tendance à répondre que si la nourriture est produite dans leur province, elle doit être considérée comme locale.

Paradoxalement, un Canadien sur quatre estime que l’endroit où les aliments sont cultivés est « très important ».

Autre fait intéressant, seulement 10,8 % des Canadiens achètent la plupart de leurs fruits et légumes dans les marchés publics. Pour ces consommateurs, le prix reste aussi la priorité, mais l’aspect « naturel et biologique » d’un aliment est généralement plus important que sa provenance.