La pluie n’a duré que quelques heures, mais elle a fait des morts et anéanti complètement plusieurs villages. Le 2 octobre dernier, la région française des Alpes-Maritimes a été frappée par une tempête qui laissera plus de 1 milliard d’euros en dommages.

C’est de toute évidence l’État qui ramassera la facture, selon ce que le président de la République a indiqué quand il s’est rendu sur place pour constater les dégâts. Emmanuel Macron a annoncé une aide de plusieurs centaines de millions d’euros pour la reconstruction des villages. « Peut-être qu’à la fin, ce sera 1 milliard, a-t-il lancé en entrevue télévisée. On ne peut pas demander aux collectivités ni aux particuliers de se retrouver seuls. »

C’est un autre exemple d’une situation qui se produit de plus en plus fréquemment. Les évènements météorologiques extrêmes sont en forte augmentation. Inondations, incendies de forêt, ouragans et glissements de terrain se multiplient à un rythme alarmant partout sur la planète.

Le coût humain et matériel de ces désastres naturels est important. Du côté des vies perdues, le bilan tend à se stabiliser dans le temps. À l’exception de catastrophes majeures, comme le tremblement de terre en Haïti en 2010, qui font beaucoup de victimes, le coût en vies humaines des désastres naturels est toujours trop lourd, mais il n’est pas en hausse, selon les données compilées par Emergency Events Database (EM-DAT) de l’Université de Louvain, en Belgique.

Les dommages matériels, par contre, gonflent sans cesse. Il y en a eu pour 146 milliards US l’an dernier, selon Swiss Re, qui est l’assureur des compagnies d’assurance.

Ce bilan, très partiel, a plus que doublé au cours des 30 dernières années. Il est important de noter que les assureurs ne couvrent pas tous les dommages liés aux catastrophes naturelles. Par exemple, les assureurs ont pris en charge moins de la moitié du coût des désastres de 2019, soit 60 des 146 milliards US.

Les tremblements de terre et les éruptions volcaniques font partie des catastrophes naturelles, mais ce sont les évènements climatiques extrêmes qui sont les plus fréquents et dont l’augmentation a été la plus rapide au cours des dernières années partout dans le monde.

En France, le désastre des Alpes-Maritimes a été causé par ce qu’on appelle là-bas « un épisode méditerranéen », période de pluie extrême qui se produit de plus en plus souvent. Aux États-Unis, du côté atlantique, le nombre de tempêtes majeures survenues cette année est du jamais-vu, même s’il n’y a pas eu d’ouragans destructeurs comme l’avaient été Michael en 2018 et Irma en 2017.

À l’autre bout du continent américain, les incendies ravagent des millions d’acres année après année, au point que la Californie a maintenant sa « saison des incendies », comme on dit la « saison des ouragans ».

Que les désastres naturels surviennent au Japon, en Inde ou en Indonésie, les images apparaissent régulièrement sur nos écrans. On voit ces désastres, mais on soupçonne encore peu l’impact qu’ils peuvent avoir sur l’économie.

Qui paiera ?

Les désastres naturels coûtent de plus en plus cher en raison de l’urbanisation, de la concentration des populations et du développement économique. Ils sont aussi plus fréquents, et les investisseurs du monde entier commencent à s’en inquiéter. Qui paiera cette note, toujours croissante ?

Les assureurs, eux, commencent à remettre en question « l’assurabilité » de certaines zones où la concentration d’actifs est élevée, selon l’économiste en chef du groupe Swiss Re, Jean Haegeli. Celui-ci croit que l’estimation des risques est basée sur des valeurs historiques qui ne reflètent plus la réalité, notamment celle des changements climatiques.

Mêmes les banques centrales craignent pour le système financier. Elles commencent à incorporer le risque climatique dans leurs modèles de prévisions et invitent les entreprises à faire de même. La semaine dernière, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, s’est adressé aux membres de l’Institut du risque mondial, qui vise à voir plus clair dans un monde de plus en plus complexe. Son message : « On peut s’attendre à une augmentation des risques physiques et financiers associés aux phénomènes météo plus fréquents et plus graves, y compris des dommages aux biens immobiliers et aux infrastructures. »

Les gouvernements sont là, bien sûr, et ils continueront sans doute d’hériter de la responsabilité la plus lourde, « parce qu’on ne peut pas demander aux collectivités et aux particuliers de se retrouver tout seuls », comme l’a dit le président Macron. Mais encore faut-il qu’ils en aient les moyens.