Le monde entier se bat contre un virus, ce qui nous fait oublier les guerres, tous les autres conflits armés en cours actuellement. Il y en a plusieurs.

Le vieux conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour le contrôle du Haut-Karabakh vient de se ranimer et menace de s’internationaliser. Les morts se comptent déjà par centaines. Depuis cet été, la Chine et l’Inde se disputent un bout de frontière dans l’Himalaya et les victimes continuent de s’additionner. Les États-Unis et la Corée du Nord ont bien failli en arriver à l’affrontement armé en 2017, de l’aveu même du président américain au journaliste Bob Woodward.

En principe, le monde vit en paix depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y a 75 ans. En réalité, les conflits en tous genres, guerres régionales ou attentats terroristes, sont en augmentation. Les budgets militaires aussi.

Les pays du monde ont dépensé 1900 milliards US en armes et en équipements militaires en 2019, selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), un organisme indépendant qui tient cette comptabilité depuis 1966. C’est une augmentation de 3,6 % en un an et le niveau le plus élevé depuis 30 ans.

Près des deux tiers des dépenses militaires dans le monde sont faites par cinq pays : les États-Unis (38 % du total), la Chine (14 %), l’Inde (3,7 %), la Russie (3,4 %) et l’Arabie saoudite (3,2 %).

Les États-Unis, qui se considéraient jusqu’à tout récemment comme les gendarmes du monde, sont le pays qui dépense le plus en armement. Et de loin. En 2019, les Américains ont acheté plus d’armes que les dix autres pays qui les suivent dans la liste.

Et malgré la volonté du président américain d’arrêter de faire des guerres partout sur la planète, les dépenses militaires des États-Unis se sont remises à augmenter depuis deux ans, après huit années de baisse.

C’est en Europe centrale et en Asie que les budgets militaires ont le plus gonflé en 2019. L’Allemagne est l’un des pays riches qui a le plus augmenté ses dépenses militaires l’an dernier (+ 10 %).

Des vendeurs en santé

Si les États-Unis sont le pays qui dépense le plus en chiffres absolus, le budget militaire américain représente « seulement » 3,4 % du PIB. C’est considérable, mais selon cette mesure, notre voisin ne fait pas le poids contre l’Arabie saoudite et les autres monarchies pétrolières, qui ne regardent pas à la dépense pour protéger leurs précieuses ressources des envahisseurs potentiels.

À 61,2 milliards US en 2019, le budget militaire de l’Arabie saoudite représente 8 % de l’économie du pays. C’est plus que ce qu’il consacre à la santé (5,3 % du PIB). Si on veut se comparer, les dépenses militaires du Canada en 2019 s’élevaient à 22,2 milliards, soit 1,3 % du PIB, alors que la part des dépenses en santé compte pour un peu plus de 10 % du PIB canadien.

Les pays qui dépensent toujours plus en armements font vivre une industrie florissante, qui préfère le plus souvent la discrétion. Plus de la moitié de la liste des 100 plus importants fabricants d’armes sont des entreprises américaines (Lockheed Martin, Textron, Raytheon), mais on y trouve aussi la France (Thales, Naval Group), l’Allemagne (Rheinmetall) et le Royaume-Uni (Babcock International Group).

En croisant la liste des principaux acheteurs avec celle des principaux vendeurs, on dirait qu’il y a des décisions diplomatiques qui s’éclaircissent et d’improbables amitiés qui prennent un sens.

La question qui se pose maintenant est de savoir si les budgets militaires souffriront de la pandémie. Est-ce que les États accablés par les dettes et submergés par les besoins de leur population sacrifieront l’armée, ses œuvres et ses pompes ? Les paris sont ouverts.