L’annonce des diagnostics positifs de Donald Trump et de sa femme Melania a provoqué de gros frissons sur les marchés financiers nord-américains, qui s’inquiétaient déjà sur l’issue possiblement très tumultueuse de l’élection présidentielle de novembre.

Les principaux indices ont piqué du nez en début de séance, vendredi, avant de récupérer une partie de leurs pertes en fin de journée.

Wall Street a terminé dans le rouge, le Dow Jones perdant 0,48 %, le NASDAQ, à forte coloration technologique, lâchant 2,22 %, et l’indice élargi S&P 500 abandonnant 0,96 %.

Au Canada, l’indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto a clôturé en léger regain de 14 points (+ 0,09 %), à 16 199 points, mais non sans avoir lui aussi trébuché en début de séance.

« L’annonce durant la nuit de jeudi à vendredi du diagnostic positif à la COVID‑19 du président Donald Trump a suscité de l’inquiétude sur les marchés financiers », constate Hendrix Vachon, économiste principal au Mouvement Desjardins, dans sa note hebdomadaire de conjoncture.

« Avant même l’ouverture, les contrats à terme pointaient vers une baisse de 400 points de l’indice Dow Jones. Une partie de cette baisse a cependant été vite récupérée et les indices se sont redirigés ensuite vers des gains hebdomadaires. L’indice Dow Jones a clôturé la semaine en hausse de 2 %, tandis que les indices S&P 500 et NASDAQ affichaient des gains de 2 % et de 3 %, respectivement. »

Au Canada, les investisseurs boursiers demeurent sur leur appétit, constate aussi Hendrix Vachon.

« La progression hebdomadaire est presque nulle, alors que l’indice S&P/TSX a été tiré vers le bas par le secteur de l’énergie. Il faut dire que le prix du pétrole a particulièrement souffert cette semaine sous l’effet des annonces d’augmentation de production des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et des perspectives plus négatives concernant la demande mondiale. »

Incertitude accrue

Chez la firme montréalaise Fiera Capital, Candice Bangsund, vice-présidente et gestionnaire de portefeuille, répartition globale de l’actif, considère que « l’annonce que le président Trump a été testé positif pour la COVID-19 a rajouté une nouvelle couche d’incertitude et de volatilité sur des marchés financiers, alors qu’ils s’inquiétaient déjà des élections controversées en novembre, de la progression du virus et de l’incertitude politique à Washington concernant un programme supplémentaire d’aide gouvernementale à l’économie ».

De l’avis d’Hugo Ste-Marie, principal analyste et stratège des marchés chez Marchés mondiaux Banque Scotia, à Montréal, « les prochaines semaines jusqu’à l’élection de novembre et après s’annoncent encore plus incertaines et instables du point de vue des marchés financiers ».

Appel à la prudence

« Bien que la reprise économique ait été robuste jusqu’à présent, dit-il, les investisseurs craignent qu’une résurgence des cas de COVID-19 et l’incapacité des législateurs américains à parvenir à une entente budgétaire sur l’aide à l’économie puisse ralentir la reprise jusqu’au point mort. »

En fait, selon Hugo Ste-Marie, « sans un soutien supplémentaire de Washington, l’économie américaine court le risque d’une forte décélération des dépenses de consommation au cours des prochains mois, ce qui ralentirait le processus de reprise. »

Cette préoccupation envers le comportement des consommateurs américains est partagée par Luc de la Durantaye, stratège en chef des placements et chef des investissements chez Gestion d’actifs CIBC, à Montréal.

« L’annonce de la contagion du président Trump pourrait rehausser la crainte de la COVID-19 parmi les consommateurs américains et les inciter à être plus prudents et à restreindre leurs dépenses en conséquence, ce qui freinerait la reprise économique. C’est pourquoi j’aurai un œil attentif sur les prochaines données de dépenses de consommation aux États-Unis. »

Mais du point de vue de Martin Roberge, analyste principal des marchés chez Canaccord Genuity, à Montréal, en dépit des tumultes à court terme, « les investisseurs ne devraient pas s’inquiéter outre mesure d’un ralentissement de la reprise de la croissance économique ».

« Un tel ralentissement ne serait pas différent de ce que nous observons normalement lors d’une reprise d’après-récession », estime M. Roberge.

De plus, « même si des interrogations persistent sur la reprise de certains secteurs encore aux prises avec la COVID-19, une reprise synchronisée de l’économie mondiale est bel et bien en cours ».