(Washington) La Chambre américaine des représentants a adopté mardi à une écrasante majorité un projet de loi visant à interdire la plupart des importations en provenance de la région chinoise du Xinjiang, afin de bloquer l’entrée aux États-Unis de produits issus du « travail forcé » des Ouïghours.

Dans un rare moment d’union entre démocrates et républicains, le texte a été adopté par 406 voix contre seulement trois voix opposées. Il doit encore être approuvé par le Sénat et promulgué par le président républicain pour entrer en vigueur.

Les démocrates détiennent la majorité à la Chambre, tandis que le Sénat est contrôlé par les républicains.  

Washington, comme de nombreuses organisations de défense des droits de la personne, accuse la Chine de détenir plus d’un million de membres de cette minorité musulmane dans des « camps de rééducation » de cette région du nord-ouest du pays.  

Pékin dément ce chiffre et parle de centres de formation professionnelle, destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi à l’éloigner de la tentation de l’islamisme et du terrorisme.

La proposition de loi prévoit une interdiction de toutes les importations du Xinjiang. Les seules dérogations pourraient être octroyées par les douanes américaines si une « preuve claire et convaincante » montre qu’un produit n’a pas été fabriqué grâce au travail forcé.

Selon le rapport qui avait accompagné la présentation du texte au Congrès, en mars, plusieurs biens qui ont déjà fait leur entrée sur le marché américain sont concernés par le recours au travail forcé, notamment des tissus, chaussures, téléphones portables, matériel informatique ou encore du thé.

Le rapport énumérait des sociétés accusées d’en avoir bénéficié, dont Adidas, Nike, Calvin Klein, H & M ou Coca-Cola.

Puisqu’elle bénéfice d’un large soutien des deux partis, cette proposition de loi, ainsi qu’un autre texte portant sur le « travail forcé des Ouïghours », envoie « un signal fort à Pékin et au monde que le Congrès américain ne […] permettra pas que les droits de la personne soient sacrifiés au nom des intérêts commerciaux », a déclaré la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, dans l’hémicycle.  

L’administration Trump avait annoncé le 14 septembre qu’elle allait bloquer l’importation d’une série de biens originaires de la région chinoise du Xinjiang, accusant Pékin d’y avoir recours au « travail forcé » de la minorité musulmane ouïghoure.

C’est « un message clair » adressé aux autorités chinoises : « Il est temps qu’elles mettent un terme au travail forcé supervisé par l’État et qu’elles respectent les droits de la personne de tous les peuples », avait déclaré dans un communiqué le chef de la diplomatie Mike Pompeo.