La reprise économique du Grand Montréal requiert des actions concertées dans ses secteurs stratégiques tels que l’aéronautique, les technologies numériques et créatrices, ainsi que les infrastructures de transport et les services financiers d’investissement.

Et pour porter leurs fruits, ces actions devraient être appuyées par des efforts particuliers pour réaffirmer « l’attractivité internationale de l’économie métropolitaine », selon le plan d’action élaboré par des membres du Comité consultatif pour la reprise et la relance économique de Montréal, qui est chapeauté par la mairesse Valérie Plante.

Ce plan d’action, que La Presse, a obtenu circule ces jours-ci parmi les principaux intervenants des milieux d’affaires et des organismes gouvernementaux de la région métropolitaine.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Stéphane Paquet, PDG de l’organisme Montréal International

Ce qu’on voulait faire en préparant ce plan d’action, c’est de déterminer comment le Grand Montréal devait se positionner et quels gestes devraient être posés à court et à moyen terme pour qu’il retrouve la médaille d’or de la croissance économique parmi les grandes villes canadiennes qu’il a détenue durant les années 2018 et 2019.

Stéphane Paquet, PDG de l’organisme Montréal International

Il est l’un des coauteurs principaux du plan d’action avec Kim Thomassin, première vice-présidente et cheffe des placements au Québec à la Caisse de dépôt et placement.

Pour élaborer leur plan d’action, M. Paquet, Mme Thomassin et leur groupe de neuf assistants et observateurs ont consulté en juillet et en août les dirigeants de 26 organisations d’affaires et d’entreprises très influentes dans l’économie métropolitaine.

« La relance de Montréal ne se fera pas sans effort. D’autres métropoles, d’autres régions, d’autres pays cherchent aussi à relancer leur économie. Certains choisiront de se replier sur eux-mêmes. Notre pari est à l’inverse : Montréal gagnera à rester une métropole ouverte à l’international », notent les auteurs du plan d’action.

Quelques constats

Secteur aérospatial

« Durement frappé par la pandémie, le secteur aérospatial, constitué de plus de 200 entreprises menées par d’importants intégrateurs locaux et internationaux, constitue le fleuron industriel le plus reconnu de Montréal, dont il constitue le premier secteur d’exportation de produits fabriqués et un important générateur de recherche & développement (R & D). » En conséquent, « il faudrait adopter rapidement une ambitieuse politique canadienne de l’aérospatiale axée notamment sur les technologies propres et le développement responsable ».

Infrastructures logistiques

« Devancer les investissements gouvernementaux prévus dans les infrastructures logistiques ayant un impact sur les activités internationales telles que le port, l’aéroport et le Palais des congrès. » En parallèle, « offrir la réciprocité (de déplacements internationaux) aux pays ayant des taux de contamination à la COVID-19 égaux ou inférieurs aux nôtres, ce qui permettra de rouvrir des frontières avec des pays sûrs, tout en respectant des protocoles sanitaires rigoureux ».

Missions économiques

« Organiser des missions économiques “Équipe Montréal” avec la présence de la mairesse, en coordination avec le calendrier de missions du gouvernement du Québec. » La raison ? « La (re)conquête des marchés étrangers et l’attrait de l’investissement sur le territoire métropolitain nécessitera une préparation adéquate et des moyens suffisants, qui sera menée sur des fronts divers : tourisme, exportations, recrutement de talents ou prospection d’investissements. Il faudra donc dépêcher des missions économiques “Équipe Montréal” sur nos marchés de prédilection, plus fréquemment que par le passé, soit au minimum quatre fois l’an. »

Numérique

« Réaliser une corvée de formation accélérée pour amener 5000 nouveaux travailleurs vers les métiers du numérique. » Selon les auteurs du plan d’action, « pour tirer profit de la relance, il faudrait former de façon accélérée divers contingents de travailleurs dans des catégories d’emplois qui souffrent de rareté et dont le marché du travail a urgemment besoin, comme des techniciens programmeurs et différents métiers de l’industrie numérique. »

Intelligence artificielle

« Montréal est un centre reconnu de recherche en intelligence artificielle (IA), mais son application en entreprise reste trop limitée », selon les auteurs du plan d’action. Ce constat mène donc à « financer rapidement » un « portefeuille de démonstration » composé de 10 projets d’implantation de l’IA dans autant de secteurs clés », dit le rapport.

Événements recentrés

« La créativité fait partie de l’ADN de l’économie montréalaise. Plusieurs conférences et événements qui ont lieu à Montréal à chaque année lui permettent de rayonner à l’international. » En lien avec ce constat, il faudrait « demander aux organisateurs de ces événements de les positionner davantage sur le développement des affaires, les technologies et le développement responsable ».

Recrutement international

« Inciter les entreprises privées d’ici à embaucher des étudiants internationaux, au besoin par une formule de parrainage. » La raison ? « Les milliers d’étudiants internationaux dans nos cégeps, universités et centres de recherche forment un contingent déjà présent à Montréal et susceptible de contribuer à alléger les difficultés de recrutement sur le marché du travail, si l’on fait les efforts de leur offrir un premier lien d’emploi dans nos entreprises. »

Technologie financière

« La fintech (c’est-à-dire les technologies financières) et la finance responsable sont deux créneaux porteurs pour le positionnement international de Montréal en tant que métropole combinant technologies et développement responsable. » Donc, « les acteurs de la grappe Finance Montréal devraient évaluer la possibilité d’ajouter la thématique de finance responsable à leur évènement “Forum Fintech” existant. »

Fonds internationaux

« Accroître la présence de gestionnaires de fonds internationaux en capital de risque en complémentarité avec l’expertise des institutions locales. » La raison ? « Montréal reste un marché relativement “secondaire” pour ce type d’investisseurs en comparaison avec les grands “hubs” d’innovation mondiaux. C’est aussi une nécessité pour Montréal de mieux faire connaître la richesse et la qualité de son écosystème d’entreprises technologiques et des opportunités d’investissements qu’elles représentent. »

Investissement étranger

« Cibler l’investissement direct étranger (IDE) dans les secteurs stratégiques et accentuer la concertation, tant pour les investissements privés que pour les organismes internationaux. » Selon les auteurs du plan d’action, « on se doit de rechercher les IDE dans certains secteurs industriels qui sont en croissance ou encore pour combler des “trous” dans des secteurs en émergence. »

Innovation

« Accélérer la réalisation des zones d’innovation actuellement en gestation. » Par exemple, lit-on dans le plan d’action, « l’Est de Montréal est une grande zone qui constitue pour le moment une friche industrielle avec plus de 24 millions de pieds carrés à (re)développer, d’où la nécessité de tirer un meilleur parti de cette zone située en plein cœur du Grand Montréal et qui recèle un potentiel énorme ».