En décidant de punir directement les clients qui ne respecteront pas les règles sanitaires dans les lieux publics fermés, le gouvernement montre clairement qu’il veut soutenir les entreprises, estime Pierre Thibault, président fondateur de la Nouvelle Association des bars du Québec (NABQ).

Cette décision agit comme un baume pour les propriétaires de bars qui doivent dorénavant composer avec diverses restrictions comme la fermeture des karaokés et la tenue d’un registre de clients.

« Mettre le fardeau sur le citoyen, je pense que c’est une aide directe, a expliqué M. Thibault, au cours d’un entretien avec La Presse, peu de temps après que le premier ministre eut annoncé son intention de sévir contre les clients récalcitrants en leur imposant directement des amendes. Ça va aider les bars à faire passer le message. » Jusqu’à maintenant, seules les entreprises (boutiques, supermarchés, bars…) devaient payer une pénalité si leurs clients ne respectaient pas les règles comme le port du masque.

L’Association Restauration Québec (ARQ) salue également ce resserrement qui entrera en vigueur samedi. « Pour nous, c’est une question de principe, affirme François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales. C’est un outil qui vise à rappeler aux gens qu’on n’est pas sortis de l’auberge et qu’il faut faire attention. »

Temps durs pour les bars

Malgré tout, le président de la NABQ – qui compte 200 membres au Québec – estime que le gouvernement est très restrictif envers les tenanciers de bars. Après avoir réduit cet été leurs heures d’ouverture, Québec a décidé d’interdire les karaokés – en raison de cas d’éclosion de COVID-19 – et d’obliger les bars à tenir un registre des clients afin de faciliter le traçage.

Je ne suis pas surpris [de ces décisions]. Ce sont des contraintes qui s’ajoutent qui ne vont pas améliorer notre situation. Oui, c’est décevant, mais on ne va pas s’insurger. C’est [une question de] logique. [Les autorités de santé publique] ne prennent pas de risque.

Pierre Thibault, président fondateur de la Nouvelle Association des bars du Québec et propriétaire de la Taverne Saint-Sacrement, sur le Plateau Mont-Royal

M. Thibault ajoute par ailleurs que son association s’est prononcée pour le registre. De son côté, François Gadbois, copropriétaire du bar Le Record, dans le quartier Villeray, affirme ne pas avoir de difficulté à se soumettre aux règles. « Le registre, ça fait longtemps qu’on le tient, on n’a pas de karaoké et on a une clientèle vraiment respectueuse », souligne-t-il.

M. Gadbois préfère devoir respecter des normes strictes plutôt que d’être contraint de fermer son établissement. « Chaque sou amassé est un sou pour payer les frais fixes », rappelle-t-il.

Rappelons que la Colombie-Britannique a annoncé cette semaine la fermeture de ses bars. Une décision qui a fait craindre le pire à Pierre Thibault, qui se dit conscient que les provinces peuvent s’influencer entre elles dans leurs décisions. « On est un secteur très occulté, soutient-il. Je peux comprendre. »

De son côté, François Gadbois estime que les bars en ce moment paient le prix d’une poignée de propriétaires négligents. « Le plus dommageable, c’est la mauvaise presse qui dit que la COVID est seulement dans les bars, déplore-t-il. On nomme toujours les bars comme si c’était la source du problème. »