(Washington) Les tensions politiques entre démocrates et républicains à l’approche des élections présidentielles compromettent le vote d’un nouveau plan d’aide aux Américains alors que nombre d’entre eux pointent toujours au chômage.

Les élus des deux bords s’accusent mutuellement de ne pas venir en aide aux Américains par calcul électoral avant le scrutin de novembre, pour qu’aucun camp ne puisse s’attribuer la réussite des négociations.

Et la possibilité qu’il n’y ait aucune nouvelle aide d’ici là n’est désormais plus à exclure.

Après plus d’un mois de vaines négociations, les sénateurs républicains avaient proposé un nouveau plan de 500 milliards de dollars.

Les démocrates, qui jugent que 2200 milliards de dollars sont un minimum, s’y étaient immédiatement opposés, et l’ont bloqué jeudi lors du vote, le jugeant « plus qu’insuffisant », et même « complètement inadapté » pour venir en aide aux millions d’Américains frappés par les effets de la pandémie et le chômage.

Les républicains les accusent de bloquer une aide pour les écoles, le dépistage, les vaccins, l’assurance-chômage et les petites et moyennes entreprises.

Une nouvelle aide du gouvernement est pourtant jugée cruciale par les économistes pour faire repartir la première économie du monde, après un plan titanesque de 2200 milliards de dollars, la loi CARES, adoptée fin mars par l’administration Trump et le Congrès, et rallongée de 500 milliards fin avril. Les républicains avaient ensuite décrété une « pause ».

29 millions de personnes

Le texte rejeté jeudi par les démocrates proposait notamment une nouvelle aide de 300 dollars par semaine pour des millions d’Américains au chômage, contre 600 dollars hebdomadaires approuvés par les deux partis dans un précédent plan d’aide désormais caduc.

Cette aide, qui a donné un important coup de pouce à l’activité économique à la fin du printemps, a pris fin en août. Elle a été remplacée temporairement par 400 dollars hebdomadaires fixés par un décret de Donald Trump et versés uniquement dans les États qui le souhaitent.

Or, le nombre de nouveaux chômeurs est resté stable sur une semaine, avec 884 000 nouveaux inscrits entre le 30 août et le 5 septembre, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail.

Plus de 13,3 millions de personnes touchaient une allocation chômage fin août, en hausse par rapport à la semaine précédente. Et au total, plus de 29 millions de personnes perçoivent le chômage ou une autre aide, après avoir perdu leur emploi ou vu leurs revenus chuter.  

C’est « décevant », a commenté Rubeela Farooqi de High Frequency Economics, soulignant que le niveau des demandes de chômage « reste extraordinairement élevé ».

« Il est particulièrement préoccupant de constater que le rythme des licenciements n’a pas plus ralenti, alors que l’activité a repris plus largement et que de plus en plus d’entreprises travaillent en ligne », ajoute-t-elle.

Licenciements toujours nombreux

Le président Donald Trump s’était réjoui que le taux de chômage ait baissé bien plus que prévu en août, passant de 10,2 % en juillet à 8,4 % le mois dernier.

Mais le marché de l’emploi reste bien moins solide qu’avant la pandémie : il compte par exemple 11,5 millions d’emplois de moins qu’en février.

« L’échec des élus à adopter un autre paquet d’aides fiscales pose des risques significatifs pour l’économie et le marché du travail », indique Nancy Vanden Houten, d’Oxford Economics, dans une note.

Selon elle, « les chiffres montrent que malgré les créations d’emplois et la baisse du taux de chômage en août, les licenciements restent nombreux et le marché de l’emploi demeure en position fragile, à un moment critique ».

Le chômage avait explosé avec les mesures de confinement, culminant à 14,7 % en avril. Il a largement reculé depuis, mais la baisse devrait désormais ralentir, a récemment averti le président de la Banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell.

En effet, a-t-il expliqué, les emplois détruits au printemps et qui n’ont toujours pas été recréés seront « les plus difficiles à retrouver, car certains secteurs de l’économie seront plus longs à se relever ».