(Washington) Le premier ministre Justin Trudeau a promis mercredi de poursuivre les efforts pour lutter contre la volonté persistante des États-Unis d’imposer des droits compensateurs sur les exportations canadiennes de bois d’œuvre résineux.

En entrevue avec une station de radio de Vancouver, M. Trudeau a salué la décision de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a donné raison au Canada la semaine dernière, et a critiqué le gouvernement américain pour ses tentatives répétées de punir l’industrie canadienne qui, selon lui, est injustement subventionnée.

« Le Canada fait les bonnes choses et les États-Unis ont tort », a lancé M. Trudeau à propos de la décision de l’OMC.

Il a même emprunté l’un des slogans de campagne du candidat démocrate à la présidence Joe Biden — « reconstruire en mieux » — pour dénoncer des politiques américaines qui, juge-t-il, risquent de saper les efforts déployés dans les deux pays pour surmonter la crise liée à la pandémie de COVID-19.

« Nous savons qu’une grande partie du redémarrage de nos économies et de la “reconstruction en mieux” impliquera de la construction, ce qui nécessitera des produits forestiers », a-t-il dit. « Les Américains continuent de penser que d’imposer aux gens des prix plus élevés que nécessaire pour leur bois est une bonne chose pour l’économie. Bien sûr, ils ont tort. »

Le comité de règlement des différends de l’OMC a jugé que le département américain du Commerce et la Commission du commerce international des États-Unis avaient eu tort en 2017 en imposant des droits compensateurs sur les exportations canadiennes de bois d’œuvre résineux, parce qu’ils estimaient que l’industrie forestière réglementée du Canada constituait un avantage injuste pour les producteurs canadiens.

En particulier, le comité a souscrit à l’argument du Canada selon lequel le département américain du Commerce avait commis un certain nombre d’erreurs en déterminant les prix de référence du bois canadien qu’il avait utilisés pour examiner si les producteurs au nord de la frontière payaient des droits de coupe adéquats aux provinces.

Le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer, qui critique depuis longtemps l’OMC, a estimé qu’il s’agissait d’une décision inéquitable et d’une preuve supplémentaire que le mécanisme de règlement des différends de l’organisme est biaisé contre les intérêts américains. Une déclaration du bureau de M. Lighthizer indique que les États-Unis « évalueront les options en réponse » à la décision.

Le désaccord sur les droits compensateurs de 2017 n’est que le dernier épisode d’un différend commercial qui dure depuis près de 40 ans.

Les producteurs américains soutiennent que le système canadien de réglementation provinciale des droits de coupe, qui sont payés à la Couronne en échange du droit de récolter du bois, subventionne injustement l’industrie alors qu’aux États-Unis, cette même industrie est détenue et exploitée par des intérêts privés avec des prix fixés par le marché concurrentiel. Les États-Unis estiment par conséquent que les importations de bois d’œuvre canadien devraient être assujetties à des droits compensateurs.

Les exportations canadiennes de bois d’œuvre jouent un rôle essentiel aux États-Unis, où la demande de produits du bois utilisés dans la construction dépasse considérablement l’offre intérieure.