(Washington) Le changement de politique annoncé jeudi par la Banque centrale américaine, qui autorise temporairement une inflation supérieure à 2 %, est une évolution « critique » pour lui permettre de s’adapter à la nouvelle réalité économique, a dit lundi son vice-président Richard Clarida.

« Ce nouveau cadre représente une évolution critique et solide de notre stratégie de politique monétaire qui doit permettre à la Réserve fédérale d’être mieux armée pour atteindre (ses) deux objectifs », stabilité des prix et taux d’emploi maximal, a indiqué Richard Clarida lors d’une conférence virtuelle du Peterson Institute for International Economics.

« Le cadre existant a été efficace » pendant plusieurs années à la suite de la crise financière mondiale, a-t-il souligné. « Mais les temps changent, de même que le paysage économique, et notre cadre et notre stratégie doivent évoluer également ».

L’objectif de 2 % d’inflation n’a toutefois pu être maintenu sur une longue période, et conserver le même modèle « devient difficile à justifier », a précisé Richard Clarida.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a annoncé jeudi qu’une inflation supérieure à l’objectif des 2 % pourrait être tolérée « pendant un certain temps » sans augmentation des taux d’intérêt, qui resteront proches de zéro.

Cette nouvelle approche doit permettre au taux de chômage de baisser beaucoup plus qu’auparavant avant que les taux d’intérêt ne soient relevés. Mais sous réserve que l’inflation reste maîtrisée.  

L’objectif est de permettre au marché du travail de se redresser, et de profiter notamment aux familles à faibles revenus, les plus affectées par la récession provoquée par la pandémie de COVID-19.

La Fed réfléchissait depuis plusieurs années à une nouvelle politique, mais la pandémie qui a détruit des dizaines de millions d’emplois aux États-Unis a rendu plus urgent de la mettre en place.

Avant la pandémie, le taux de chômage était à son plus bas niveau en 50 ans (3,5 %) et les revenus de tous les ménages étient en hausse. Cette conjoncture favorable avait même bénéficié aux minorités noire et hispanique même si les écarts avec les blancs étaient encore marqués.

Après avoir culminé à 14,7 % en avril, le taux de chômage diminue, il était de 10,2 % en juillet.