(Washington) Le marché de l’emploi reste sinistré aux États-Unis, et les inscriptions au chômage sont reparties à la hausse la semaine dernière, au moment même où la situation financière des chômeurs est particulièrement difficile depuis la suppression d’une aide importante.

Les nouvelles demandes de chômage sont repassées au-dessus de la barre du million, avec 1,1 million d’inscriptions entre le 9 et le 15 août, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail.

Cette nouvelle hausse balaie la note d’optimisme enregistrée une semaine plus tôt, quand ce chiffre était passé sous le million pour la première fois depuis que l’activité économique du pays s’est brutalement arrêtée en mars.

Au total, 14,8 millions de personnes touchaient une indemnité chômage entre le 2 et le 8 août, les données étant publiées avec une semaine de décalage.

Il s’agit du « plus bas niveau depuis avril », ce qui laisse entendre « que des réembauches ont eu lieu, ce qui est encourageant », relèvent les analystes d’Oxford Economics dans une note.

Toutefois, ce niveau « reste extraordinairement élevé – plus de deux fois le pic de la Grande Récession (de 2009) » et « le marché du travail est loin d’avoir retrouvé la santé ».

En cumulant les aides versées à différents niveaux, ce sont même 28 millions d’Américains qui sont soutenus financièrement après avoir perdu leur emploi ou vu leurs revenus chuter. Ces données datent de la dernière semaine de juillet, étant publiées avec deux semaines de décalage.

Certains secteurs continuent toutefois d’embaucher, bien que le rythme soit moins rapide, comme dans la région de Philadelphie, où l’emploi dans l’industrie manufacturière remonte en août pour le deuxième mois d’affilée, selon l’indice de l’antenne locale de la Banque centrale américaine (Fed) également publié jeudi.

Et les entreprises pensent continuer à embaucher dans les six prochains mois, bien que la croissance de l’activité ait un peu ralenti en août par rapport à juillet et juin.

Aide en suspens

Le chômage a « déjà reculé un peu, et continuera », a assuré jeudi matin à des journalistes le conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow.

« Je pense que nous aurons un taux (de chômage) à un chiffre », a-t-il prédit, sans indiquer à quelle échéance.

Le taux de chômage était de 10,2 % en juillet aux États-Unis.

Les chômeurs font face depuis le début du mois d’août à la perte d’une aide cruciale de 600 dollars par semaine, qui avait été adoptée fin mars par l’administration Trump et le Congrès dans le cadre du gigantesque plan de relance de l’économie.

La Maison-Blanche et les élus démocrates du Congrès sont d’accord pour la prolonger, mais ne parviennent pas à s’entendre sur son montant. Et les discussions sont au point mort.

Donald Trump a signé un décret pour une prolongation temporaire de cette aide avec un montant réduit à 400 dollars au maximum – 300 dollars versés par le gouvernement fédéral pour 100 dollars versés par chacun des États. Ceux-ci sont libres ou non de participer à ce programme, le Dakota du Sud l’ayant par exemple refusé.

C’est « un paquet généreux », a commenté Larry Kudlow jeudi sur la chaîne Fox Business.

Mais les États sont loin d’avoir tous validé l’accord avec le gouvernement fédéral. Résultat, de nombreux chômeurs n’ont rien touché depuis la fin du mois de juillet.

Le nouveau plan d’aide devrait également comprendre des fonds pour permettre aux écoles de rouvrir, mais aussi pour aider le service public postal, devenu un point de friction majeur dans la campagne présidentielle ces derniers jours.

« Nous avons proposé d’apporter plus d’argent à la poste, bien que je ne pense pas qu’ils en aient vraiment besoin », a souligné Larry Kudlow. Les démocrates, de leur côté, demandent 25 milliards de dollars.