Avant la pandémie de COVID-19, le restaurant Dame Nature — situé à proximité d’une gare, d’un hôtel et d’immeubles de bureaux au centre-ville de Montréal — était au cœur de l’action.

En septembre, lorsque la saison touristique commençait à tirer à sa fin, l’établissement pouvait notamment compter sur les travailleurs et les personnes qui s’arrêtaient au centre-ville, a expliqué son gérant Cezar Narea. Celui-ci envie désormais les restaurants qui sont situés à environ une heure de la métropole, où l’on peut éviter les travaux, les trottoirs bondés et ne pas avoir à chercher du stationnement.

Dame Nature n’est pas la seule entreprise pour qui les choses ont changé, selon un nouveau sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). L’enquête suggère que les compagnies situées dans les centres-villes à travers le pays éprouvent plus de difficultés par rapport à celles qui ont pignon sur rue en milieu rural.

Les données dévoilées mercredi indiquent que 22 % des petites et moyennes entreprises (PME) interrogées dans les centres-villes ont renoué avec un niveau d’activité jugé normal, par rapport à 37 % pour celles situées dans les zones rurales.

Dans l’ensemble, 66 % des répondants ont affirmé que leur entreprise est complètement ouverte, tandis que 40 % utilisent leur capacité de main-d’œuvre normale et 28 % ont retrouvé un niveau de vente habituel. La FCEI représente environ 110 000 petites et moyennes entreprises, et 5119 membres ont répondu au sondage en ligne, qui a été mené du 13 au 18 août.

Spécialisée dans les coups de sonde, la Marketing Research and Intelligence Association a indiqué qu’on ne pouvait attribuer une marge d’erreur aux sondages réalisée en ligne, car ils n’échantillonnent pas la population au hasard.

À l’instar de M. Narea, la vice-présidente exécutive de la FCEI, Laura Jones, affirme que les bureaux déserts dans les centres-villes et la paralysie du tourisme international sont à l’origine de la situation actuelle.

Le gérant du restaurant Dame Nature estime que ses ventes sont toujours en baisse d’environ 80 %. De temps à autre, des clients réguliers viennent lui rendre visite, mais seulement pour annoncer qu’ils vont chercher quelque chose au bureau, où ils ne reviendront pas avant janvier 2021 — ou même plus tard.

Au moment où les divers programmes de soutien mis en place par les gouvernements touchent à leur fin et que la fréquence des trains est toujours réduite, M. Narea se demande s’il perdra définitivement ses 12 employés actuellement en congé forcé.

« Tout le monde essaie d’éviter le centre-ville de Montréal, a-t-il déploré. C’est très mauvais pour nous. »