Les mines regagnent la faveur des investisseurs qui les avaient délaissées au profit des bitcoins et du cannabis. La pandémie et l’incertitude économique qui l’accompagne ont accéléré le mouvement dans le secteur aurifère, où l’argent revient en abondance.

« Pour nous, c’est excellent », dit Isabelle Proulx, présidente et directrice générale de Stelmine, une petite société de Québec qui cherche de l’or dans la région de Fermont.

Les records récents du prix du métal jaune sur le marché international ne donnent pas accès immédiatement à plus de fonds pour les entreprises comme Stelmine, mais ils font tourner plus rapidement la roue de l’écosystème minier.

« Les réserves d’or sont en baisse et il faut que les petites juniors fassent des découvertes, explique-t-elle. Avec le prix en hausse, les gros producteurs vont avoir plus d’argent à consacrer à l’exploration. »

Vincent Metcalfe, cofondateur de Redevances Nomad, souligne que l’or joue son rôle de valeur refuge en ces temps d’incertitude économique, ce qui explique la remontée du prix. Mais il observe aussi un engouement pour l’or qui se traduit par une multiplication des annonces de financement.

Les investisseurs qui n’en avaient que pour les bitcoins et le cannabis redécouvrent le secteur minier. C’est peut-être un peu en raison du nombre croissant de sociétés de redevances, qui facilitent l’accès à ce secteur complexe qui rebute beaucoup d’investisseurs.

Il y a plus d’intérêt des petits investisseurs, mais aussi des gestionnaires de portefeuille, qui prennent plus d’exposition à l’or.

Vincent Metcalfe, cofondateur de Redevances Nomad

Redevances Nomad a annoncé hier l’acquisition d’une redevance sur le projet aurifère Troilus, son premier investissement au Québec, au coût de 7,5 millions US. La remontée du prix de l’or devrait permettre à des projets comme celui de Troilus d’entrer en production plus rapidement, estime Vincent Metcalfe.

Comme les autres, la directrice générale de l’Association de l’exploration minière du Québec voit passer les annonces de financement et note un changement majeur depuis un an. « Est-ce que l’or intéresse de nouveaux investisseurs ou est-ce que ce sont des investisseurs qui reviennent ? On ne le sait pas encore, mais le fait que la remontée du prix de l’or est graduelle est un bon signe », dit Valérie Filion.

Reprise

Contrairement aux entreprises en production, qui ont pu continuer leurs activités pendant le Grand Confinement, les petites entreprises d’exploration ont dû s’arrêter. Elles ont pu recommencer à travailler sur le terrain le 11 mai.

Les gouvernements de Québec et d’Ottawa leur ont toutefois facilité les choses en leur donnant plus de temps pour faire les travaux requis par leur permis et par leur financement par actions accréditives — qui donnent un avantage fiscal à l’investisseur. Malgré les mesures sanitaires qui viennent compliquer les travaux, ça se passe bien, assure la porte-parole.

La remontée du prix de l’or devrait maintenir l’activité, parce que les grands producteurs vont avoir plus d’argent à investir dans l’exploration, dit-elle. « Leurs réserves, ça va valoir la peine d’aller les chercher. »

Selon PwC, quatre producteurs d’or canadiens sont au nombre des 40 plus grandes entreprises minières du monde par leur capitalisation boursière. Il s’agit de Barrick Gold (9e), Agnico Eagle (17e), Kirkland Lake Gold (27e) et Kinross Gold (40e).