(Ottawa) L’inflation annuelle a de nouveau reculé en mai en raison d’une baisse des prix de l’essence par rapport à l’an dernier, pendant que les entreprises fermées en raison de la pandémie de COVID-19 commençaient lentement à rouvrir.

L’indice des prix à la consommation a reculé de 0,4 % par rapport à il y a un an, a indiqué mercredi Statistique Canada, ce qui en fait le deuxième mois consécutif d’inflation négative après la baisse de 0,2 % enregistrée en avril.

Les économistes s’attendaient en moyenne à ce que l’indice des prix à la consommation reste inchangé par rapport à il y a un an, ce qui se serait traduit par une inflation annuelle nulle.

L’économiste en chef adjoint de la Banque Scotia, Brett House, a noté que les mois d’avril et de mai représentaient probablement le creux de la crise pour l’économie canadienne.

« Il est peu probable que les pressions sur les prix diminuent davantage en juin, en grande partie à cause des mesures de relance ou des mesures de financement provisoire qui ont été mises en place pour les ménages et les entreprises, et de la réouverture qui a débuté au cours du mois de mai et s’est poursuivie en juin », a affirmé M. House.

D’une année à l’autre, les prix ont augmenté dans quatre des huit composantes principales.

Les prix des transports ont le plus contribué à la baisse globale, principalement en raison de la baisse des prix de l’essence par rapport à mai de l’année dernière — même s’ils ont progressé par rapport au mois précédent. Les prix de l’essence ont diminué de 29,8 % par rapport à mai 2019, mais ont augmenté de 16,9 % par rapport à avril.

Selon Statistique Canada, en excluant l’essence, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 0,7 %, ce qui constitue tout de même sa plus faible augmentation depuis janvier 2013 ­.

Les autres facteurs ayant contribué à la baisse de l’inflation ont été une baisse de 21,3 % des prix de l’hébergement des voyageurs et une baisse de 9,5 % des prix des services téléphoniques.

Parallèlement, les prix des primes d’assurance des véhicules automobiles ont augmenté de 6,4 % par rapport à il y a un an, tandis que les prix de la viande ont augmenté de 7,8 %.

La moyenne des trois mesures de l’inflation de base, qui sont considérées comme de meilleurs indicateurs des pressions sous-jacentes sur les prix et sont étroitement suivies par la Banque du Canada, était de 1,7 %, contre 1,8 % en avril.

La banque centrale ajuste son taux d’intérêt directeur, actuellement de 0,25 %, afin qu’il maintienne l’inflation de base le plus près possible de sa cible idéale de 2,0 %.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a indiqué cette semaine au comité des finances de la Chambre des communes que les taux n’augmenteraient que lorsque le pays connaîtrait une pleine reprise économique, ce qui, selon lui, est encore loin.

« Mais nous sommes dans un trou profond, et sortir de ce trou va être très long », a affirmé M. Macklem mardi lors de sa première apparition publique depuis son arrivée à la tête de la banque centrale, le 3 juin.

L’économiste principal de la Banque TD, James Marple, a observé des signaux prometteurs dans les données économiques récentes et il s’attend à voir une modeste progression des prix à la consommation au fur et à mesure que l’économie rouvrira.

« Malgré tout, ce sera un long chemin à parcourir et les risques à la baisse resteront élevés jusqu’à ce qu’un vaccin soit largement disponible », a affirmé M. Marple.

À l’avenir, M. House a expliqué que les économistes suivraient l’évolution de la situation pandémique avec le nombre de nouveaux cas, ainsi que la cadence de la réouverture des entreprises.

« Nous allons également examiner le rythme et les progrès de la réouverture […], car il y a des sections entières du panier de prix à la consommation qui ne sont pas encore proches de la pleine activité et qui ne le seront peut-être pas avant le début de la fin de l’année », a-t-il observé.