(Ottawa) La Banque du Canada accordera une attention particulière à l’évolution de l’équilibre entre ce que l’économie post-pandémique peut offrir et ce que la population demande, a indiqué jeudi un sous-gouverneur de la banque centrale.

Dans le texte d’un discours destiné à la Chambre de commerce du Grand Sudbury, Toni Gravelle a indiqué qu’il était possible que l’offre se rétablisse plus vite que la demande si les entreprises rouvraient rapidement, mais que les consommateurs restaient prudents.

Il a précisé qu’il serait essentiel pour le conseil de direction de la banque centrale de comprendre, d’ici la mi-juillet, comment la pandémie a affecté la demande, l’emploi et la capacité de l’économie à produire des biens et services.

La banque centrale dévoilera le 15 juillet une mise à jour de ses prévisions économiques pour le pays, dans son Rapport sur la politique monétaire, et elle fera sa prochaine annonce au sujet de son d’intérêt directeur.

Mercredi, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 0,25 %, tout en indiquant que l’économie semblait avoir évité le scénario le plus pessimiste en ce qui a trait à la pandémie de COVID-19.

La banque a également réduit certaines de ses opérations sur le marché, après avoir « décuplé (ses) efforts » pour permettre au système bancaire de puiser directement dans les liquidités de financement dont il avait besoin, a indiqué M. Gravelle.

« Malgré les signes positifs, il reste beaucoup de risques et d’incertitudes », a affirmé M. Gravelle, dans le texte de son discours, qui a été présenté en vidéoconférence.

« La situation va dépendre en grande partie de notre capacité, comme pays, à gérer le risque de possibles vagues ultérieures de COVID-19 et du rythme du déconfinement. C’est vrai aussi bien pour l’économie mondiale que pour l’économie canadienne. »

Il a indiqué que la banque accorderait une attention particulière à la façon dont la pandémie affecte la croissance et la demande sur les marchés clés pour les exportations canadiennes.

Selon Statistique Canada, l’économie nationale s’est contractée de 2,1 % pendant les trois premiers mois de l’année. La banque centrale mise désormais sur un déclin d’entre 10 % et 20 % de la production économique au deuxième trimestre, par rapport au quatrième trimestre de 2019, alors qu’elle évoquait en avril une baisse d’entre 15 % et 30 %.

Aussi grave que cela puisse paraître, a souligné M. Gravelle, cela se situerait dans la moitié supérieure de la fourchette envisagée par la banque en avril.

Le sous-gouverneur a insisté dans son discours sur les meilleurs aspects des données économiques, généralement sombres.

Les chiffres de Statistique Canada sur l’emploi ont montré que trois millions de travailleurs avaient perdu leur emploi en mars et avril à mesure que la pandémie s’installait, mais 43 % ont indiqué s’attendre à le récupérer une fois la pandémie passée. M. Gravelle a noté que ce chiffre était de 15 % pendant la crise financière mondiale il y a un peu plus de 10 ans.

« Ce chiffre laisse supposer que bon nombre d’entre elles pourraient se remettre au travail à mesure que le déconfinement se poursuit, bien que rien ne le garantisse », a-t-il dit.

L’inflation a chuté près de zéro, principalement en raison du plongeon des prix de l’essence, mais M. Gravelle affirme qu’elle restera inférieure à l’objectif de 2,0 % de la banque à court terme en raison de facteurs temporaires.

« Nous avons des raisons d’espérer que le pire peut être évité », a-t-il indiqué.