(Ottawa) Les ventes au détail au Canada ont affiché leur plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée en mars et Statistique Canada a prévenu vendredi que le recul pour le mois d’avril s’annonçait encore plus important.

Les ventes des détaillants ont retraité de 10,0 % en mars pour atteindre 47,1 milliards en mars, a indiqué l’agence fédérale, les entreprises non essentielles ayant commencé à fermer leurs portes au milieu du mois en raison de la pandémie. Selon les estimations, environ 40 % des détaillants ont fermé leurs portes au cours du mois.

Cependant, Statistique Canada a également souligné qu’une estimation préliminaire pour avril indiquait qu’une baisse de 15,6 % pourrait être enregistrée pour avril, le premier mois complet de pandémie.

Les données du commerce de détail de mars étaient conformes aux attentes moyennes des économistes, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

L’économiste Josh Nye, de la Banque Royale, a estimé qu’il y avait « un peu de lumière au bout du tunnel », puisque les données de la banque montrent que les dépenses ont commencé à grimper vers la fin avril.

« Cette tendance devrait se poursuivre en mai, en particulier maintenant que certains détaillants sont autorisés à rouvrir », a écrit M. Nye dans un rapport.

« Mais ce sera un long chemin vers la reprise pour plusieurs joueurs du secteur. Les protocoles de sécurité limiteront le trafic dans les magasins et les consommateurs resteront probablement prudents en raison de problèmes de santé et économiques. »

La baisse en mars est survenue alors que les ventes ont enregistré un plongeon record de 35,6 % chez les concessionnaires de véhicules automobiles et de pièces. Chez les concessionnaires de véhicules neufs, elles ont reculé de 38,5 % pour le mois.

Des baisses records ont également été signalées pour les magasins de vêtements et d’accessoires vestimentaires et les stations-service, avec des reculs respectifs de 51,3 % et 19,8 %.

Mais alors que les Canadiens ont cessé d’acheter certains articles, les ventes d’autres articles ont grimpé en flèche, les consommateurs s’approvisionnant en articles essentiels pour la maison.

Les ventes des magasins d’alimentation ont progressé de 22,8 % et celles des magasins de marchandises diverses ont augmenté de 6,4 %, atteignant leurs niveaux les plus élevés jamais enregistrés et réalisant leurs gains mensuels les plus importants.

En excluant les concessionnaires de véhicules et de pièces automobiles, les ventes au détail ont diminué de 0,4 % en mars.

De nombreux détaillants ont réagi aux mesures de lutte contre la pandémie en ouvrant ou en élargissant leurs activités de commerce électronique.

Selon Statistique Canada, les ventes au détail du commerce électronique ont totalisé 2,2 milliards en mars, ce qui représentait une hausse de 40,4 % par rapport à l’an dernier.

Ces derniers jours, les provinces ont commencé à assouplir les restrictions qui ont été mises en place pour ralentir la propagation de la COVID-19 et ont forcé la fermeture de nombreux détaillants.

Cependant, l’économiste Omar Abdelrahman, de la Banque TD, a averti que les habitudes de dépenses des consommateurs seraient probablement un peu différentes dans un avenir prévisible.

« Dans un récent rapport, nous avons souligné que les taux d’épargne des ménages devraient augmenter face à une incertitude économique élevée qui est aussi présente sur le marché du travail, ce qui devrait inciter les consommateurs à la prudence et à s’éloigner des achats discrétionnaires », a expliqué M. Abdelrahman.

À l’échelle régionale, les ventes ont diminué dans toutes les provinces, le Québec ayant affiché la plus forte baisse en pourcentage, soit 15,7 %. Les ventes en Alberta ont perdu 13 %, tandis que celles en Ontario ont perdu 9,0 %.

Statistique Canada doit dévoiler le 29 mai ses données sur le produit intérieur brut. L’agence a déjà publié le mois dernier une estimation préliminaire qui annonçait un recul de 9 % du PIB pour le mois de mars.