(Ottawa) Le gouvernement Trudeau se porte au secours des petites et moyennes entreprises qui brassent des affaires dans les régions du Québec et qui ne sont pas admissibles aux autres mesures d’urgence adoptées depuis le début de la pandémie de COVID-19.

En tout, Ottawa entend mettre sur la table 211 millions de dollars pour soutenir ces entreprises qui représentent souvent le principal moteur du développement économique dans les régions de la province, en particulier celles qui œuvrent dans le secteur touristique et de la pêche, selon des informations obtenues par La Presse.

Cette somme fait partie du Fonds d’aide et de relance régionale (FARR) de 962 millions de dollars qui a été annoncé le mois dernier par le premier ministre Justin Trudeau. Le soutien aux entreprises en région doit être le thème abordé par le premier ministre durant sa conférence de presse mercredi à Rideau Cottage.

La ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly, prendra ensuite le relais et dévoilera les tenants et aboutissants de cette injection de fonds fédéraux destinés aux régions du Québec. Les autres régions du pays qui comptent sur des agences de développement régional pour agir comme levier économique comme les provinces atlantiques et le nord de l’Ontario, entre autres, se diviseront le reste de la tarte de l’aide fédérale.

L’annonce surviendra alors que les régions du Québec ont obtenu le feu vert du gouvernement Legault pour reprendre une bonne partie de leurs activités économiques cette semaine. Toutefois, la grande région de Montréal est toujours sous le coup de la politique de confinement au moins jusqu’au 25 mai, car elle demeure l’épicentre de la pandémie non seulement au Québec, mais dans l’ensemble du pays.

Selon nos informations, les entreprises qui sont tombées entre les mailles du filet d’aide d’urgence tendu par Ottawa jusqu’ici pourront soumettre leur demande d’aide au FARR par l’intermédiaire de l’agence Développement économique Canada pour les régions du Québec (DEC). Dans le cas des autres provinces, ce sont aussi les agences de développement régionales qui traiteront les demandes.

Le budget annuel de DEC est d’environ 285 millions de dollars. L’injection des 211 millions de dollars permettra essentiellement de presque doubler l’enveloppe totale pour les régions du Québec pour les 12 prochains mois.

La nouvelle mesure comportera deux volets. Le premier, doté d’un fonds de 140 millions de dollars, vise à soutenir les petites et moyennes entreprises qui ne sont pas admissibles aux autres programmes d’aide et qui sont aux prises avec des difficultés de liquidités. Le deuxième volet de 71 millions de dollars vise à offrir de l’aide aux entreprises et aux organismes en leur donnant un accès au capital dans les communautés rurales desservies par les Sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC) et les Centres d’aide aux entreprises (CAE).

Le confinement imposé par les gouvernements à travers le pays a forcé l’annulation de nombreux événements dans les grands centres urbains, mais aussi dans les régions qui dépendent du tourisme pour assurer le développement de leur économie.

Le but, c’est vraiment d’aider les entrepreneurs qui tombent actuellement entre les mailles du système. On sait que les entreprises qui œuvrent dans des secteurs dits saisonniers, en particulier le tourisme, elles ont besoin de cette aide.

Mélanie Joly, ministre du Développement économique et des Langues officielles

« On doit être présent au moment où l’on entreprend le déconfinement pour les aider. En ce qui nous concerne, au gouvernement fédéral, nous sommes encore dans la stabilisation de l’économie. Après, la deuxième étape, il faudra relancer notre économie. Et c’est le cas notamment dans certaines régions du Québec. Et après, la troisième étape, ce sera de stimuler l’économie dans son ensemble. Mais nous sommes encore dans une période de survie pour nos entreprises », a indiqué Mme Joly dans une entrevue avec La Presse.

De l’aide pour Montréal

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre Mélanie Joly se dit « très inquiète de ce qui se passe à Montréal, non seulement au niveau sanitaire, mais aussi sur le plan économique. Et on a besoin d’aider le secteur touristique à Montréal. »

La ministre a précisé qu’une partie de la somme de 211 millions de dollars pourra servir à soutenir les entreprises du secteur touristique de la région de Montréal si elles n’ont pas eu accès aux autres programmes d’urgence comme la subvention salariale ou encore le programme de prêt pouvant atteindre 40 000 $ pour assumer les coûts des loyers.

« Je suis députée d’Ahuntsic-Cartierville. Je suis fière Montréalaise. Et je suis très inquiète de ce qui se passe à Montréal, non seulement au niveau sanitaire, mais aussi sur le plan économique. Et on a besoin d’aider le secteur touristique à Montréal, nos commerces de détail dans nos quartiers, de la promenade Fleury en passant par le mont Royal. Dans ce contexte, on va avoir de l’aide aussi en passant par des organisations montréalaises qui vont pouvoir fournir des fonds ou directement avec DEC », a dit Mme Joly.

Dans une précédente entrevue accordée à La Presse, le mois dernier, Mme Joly avait dit craindre que la relance de l’économie s’avère plus longue et sinueuse pour les régions qui dépendent d’une industrie ou qui comptent un nombre important de travailleurs saisonniers dans des secteurs comme le tourisme ou les pêches, par exemple.

« La crise sanitaire frappe partout au Québec. Mais la crise économique frappe très fort dans les régions. Il y a des obstacles pour obtenir des liquidités, par exemple. Dans certaines régions, il n’y a pas d’institutions financières présentes. On travaille déjà sur ces enjeux parce qu’on veut s’assurer qu’il n’y ait pas un plus grand clivage entre les centres urbains et les régions rurales », avait-elle dit.