(Washington) Les États-Unis vont voir leur économie plonger au deuxième trimestre, avec un PIB en chute de près de 12 % et un taux de chômage à 14 % sous l’effet de la crise de la COVID-19, avant d’entamer une reprise à partir de l’été.

La bonne santé de l’économie américaine, qui faisait la fierté du président Donald Trump il y a encore deux mois en cette année électorale, a été terrassée par la pandémie de nouveau coronavirus.  

Plus de 884 000 personnes ont déjà été infectées par la pandémie qui a fait 50 360 morts, selon le dernier décompte de l’université Johns Hopkins.

La mise à l’arrêt de l’activité pourrait faire reculer le PIB de 0,9 % au premier trimestre, par rapport au trimestre précédent, selon une estimation publiée vendredi par les services du budget du Congrès, CBO, une agence indépendante.

Au deuxième trimestre, il pourrait chuter de 11,8 %, cela représenterait une baisse de 39,6 % par rapport au deuxième trimestre 2019.

« L’économie connaîtra une forte contraction au deuxième trimestre 2020 en raison de facteurs liés à la pandémie, notamment les mesures de distanciation sociale mises en place pour la contenir », a commenté le CBO dans un communiqué, avertissant toutefois que ces estimations sont préliminaires et restent très incertaines.

L’activité économique s’est arrêtée avec la progression du virus aux États-Unis courant mars, et la mise en place de mesures destinées à le contenir.

Les bars et restaurants ont dû fermer, tout comme la plupart des commerces jugés non essentiels. Beaucoup d’entreprises ont mis leur activité entre parenthèses ou ont dû la réduire drastiquement.  

En cinq semaines, plus de 26 millions de personnes se sont inscrites au chômage, du jamais vu. Le taux de chômage, qui était tombé en février à son niveau le plus bas depuis 50 ans-3,5 % -, est reparti à la hausse.

Après être grimpé jusqu’à 14 % au deuxième trimestre, il pourrait culminer à 16 % au troisième trimestre, prévoit ce rapport.

PIB en baisse de 5,6 % en 2020

L’économie pourrait commencer à se redresser à partir de l’été quand les inquiétudes concernant la pandémie diminueront et les autorités locales assoupliront les mesures de confinement.

Certains États ont commencé à relancer leur activité, comme la Géorgie qui a rouvert certains commerces vendredi et avant lui le Texas et le Vermont.

En Floride, certaines plages sont de nouveau accessibles.  

D’autres ne l’envisagent pas encore, comme New York, épicentre de la pandémie dans le pays.

Mais la convalescence devrait être longue, et « les défis de l’économie et du marché du travail devraient persister pendant un certain temps », estiment les auteurs de l’étude.

La croissance pourrait être de retour dans la seconde moitié de l’année, +5,4 % au troisième trimestre, +2,5 % au quatrième, précise l’étude.

Mais le plongeon de l’économie entre mars et juin aura été tel que ces taux de croissance ne suffiront pas à retrouver rapidement son niveau d’avant-crise.

En janvier, Donald Trump, qui brigue un second mandat à la Maison-Blanche, disait attendre pour les États-Unis une croissance de 3 % en 2020 et pour les années suivantes, et en avait fait l’un de ses principaux arguments de campagne.

C’est en fait une baisse du PIB de 5,6 % qui attend la première économie du monde en 2020, suivie d’une timide reprise de 2,8 % en 2021, estime cette étude.

Le déficit budgétaire fédéral devrait de son côté atteindre cette année 3700 milliards de dollars alors que le Congrès a voté un gigantesque plan d’aide économique. C’est plus du triple de la précédente estimation.  

La dette devrait, elle, représenter 101 % du PIB à la fin de l’année.

Le CBO publiera mi-mai les détails de ses perspectives économiques pour 2020 et 2021.

Le Fonds monétaire international table de son côté sur une contraction du PIB de 5,9 % cette année avant une croissance de 4,7 % en 2021.