Afin d’encourager les Québécois à remplacer les travailleurs agricoles étrangers durant la pandémie de COVID-19, Québec débloque 45 millions pour verser des primes de 100 $ par semaine à ceux qui iront prêter main-forte aux agriculteurs. Le gouvernement Legault espère ainsi attirer 8500 Québécois dans les champs au cours des prochains mois.

« Comme le dit souvent notre premier ministre : on a besoin de bras. Et puis ces bras-là, on peut les trouver chez les Québécois qui, malheureusement, ont perdu leur emploi au cours des dernières semaines », a expliqué le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, dans un point de presse qu’il a tenu conjointement, vendredi, avec le ministre du Travail, Jean Boulet.

Le but de notre annonce, c’est vraiment de lancer un appel à tous les Québécois pour venir travailler dans les champs, pour investir les champs à la grandeur du Québec.

André Lamontagne, ministre de l’Agriculture

Les agriculteurs comptent généralement sur l’aide de travailleurs temporaires originaires du Mexique, du Guatemala et, dans une moindre mesure, du Honduras. Des ralentissements bureaucratiques dans leurs pays d’origine et la fermeture des frontières ont compliqué leur venue au cours des dernières semaines.

La pénurie de main-d’œuvre étrangère suscite la crainte de voir des diminutions marquées de la production québécoise de fruits et légumes.

Lors de son point de presse quotidien, le premier ministre François Legault a par ailleurs rappelé son désir que le Québec augmente son autonomie alimentaire.

« J’ai une autre demande à faire. Vous allez me dire que j’ai beaucoup de demandes depuis un mois. Toutes les personnes qui ont perdu leur emploi depuis un mois, est-ce qu’il y en a que ça tenterait de venir travailler avec nos agriculteurs dans nos champs ? Je l’ai dit, là, déjà, on souhaite que le Québec devienne plus autonome. On a eu peur, dans le dernier mois, que les fruits et légumes qu’on importe du Sud, là, qu’on ne soit plus capables de les avoir. »

Minimum de 25 heures par semaine

Près de 16 000 travailleurs étrangers temporaires sont admis annuellement au Québec, dont 11 000 durant la saison qui s’étire des semis aux récoltes. Ils occupent des postes physiquement exigeants que les agriculteurs n’arrivent plus à pourvoir localement depuis des années.

Le ministre Lamontagne s’estime sûr qu’environ 8000 des 11 000 travailleurs étrangers seront en mesure de se rendre au Québec durant la prochaine saison agricole. En moyenne, les travailleurs étrangers temporaires travaillent 50 heures par semaine.

Peu importe leur origine, les ouvriers agricoles sont généralement rémunérés au salaire minimum, qui sera de 13,10 $ l’heure à compter du 1er mai. Pour avoir droit à la bonification hebdomadaire de 100 $, il faudra travailler au minimum 25 heures. Pour une question d’équité, les travailleurs étrangers temporaires y auront aussi droit. Le programme débute dès maintenant et s’échelonnera jusqu’au 31 octobre.

Année après année, il y a des milliers de jeunes Québécois qui nous expriment leur volonté de faire les choses autrement. Je les invite à concrétiser leur désir de favoriser notre agriculture de proximité, notre alimentation de proximité, notre agriculture québécoise.

Jean Boulet, ministre du Travail

« Je les invite à venir nous aider, à aider les entreprises agricoles dans cette période où chaque coup de main est important. On vous demande un coup de main pour vous, pour les autres, pour demain », a déclaré le ministre Boulet.

Des incitatifs « majeurs », selon Boulet

En répondant à cet appel, les volontaires devront toutefois renoncer à la Prestation canadienne d’urgence de 2000 $ par mois.

En revanche, les salariés à faible revenu auront aussi droit à une prestation additionnelle de 100 $ par semaine en vertu du programme récemment mis sur pied par le gouvernement Legault pour les travailleurs des services essentiels, le PIRTE. Pour y avoir droit, le travailleur doit gagner moins de 550 $ par semaine et travailler dans un secteur décrété un service essentiel.

« Le PIRTE, combiné au montant de 100 $ hebdomadaire annoncé aujourd’hui, représente des incitatifs que nous considérons comme étant majeurs pour les travailleurs agricoles saisonniers. J’adresse donc une invitation spéciale aux personnes intéressées à travailler dans une exploitation agricole, particulièrement celles qui sont présentement sans emploi et les jeunes. Vous avez le pouvoir de soutenir notre production agricole locale et ainsi notre économie », a déclaré le ministre Boulet.

Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, a souligné dans un communiqué que le Québec est la première province à mettre en œuvre une telle initiative. « Ce partenariat entre le gouvernement du Québec et l’UPA arrive à point. La pandémie de COVID-19 soulève des enjeux importants d’accès à la main-d’œuvre pour le secteur agricole, qui vit déjà une pénurie de travailleurs », a-t-il indiqué.