Les soudeuses et les électromécaniciennes se font rares dans le milieu très masculin de l’industrie manufacturière. Mais Québec est bien déterminé à renverser la vapeur et à trouver des solutions pour attirer les femmes dans cette industrie frappée de plein fouet par la pénurie de main-d’œuvre.

Le gouvernement Legault a annoncé dimanche l’injection de quelque 700 000 $ dans un projet de recherche visant à remédier à la situation. Le choix de la Polytechnique pour faire cette annonce n’est évidemment pas anodin en cette journée internationale des femmes.

« C’est la première fois que je visite la Polytechnique depuis que je suis ministre. J’ai senti cette charge… et voilà… En cette journée, c’est assez particulier », a confié en point de presse la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, en référence au féminicide de 14 femmes il y a trente ans.

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La ministre Isabelle Charest

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet déplore « l’écart effarant et préoccupant » du taux d’emploi entre les femmes et les hommes au Québec (65 % contre 57 %). Il espère que le projet Inclusion des femmes dans le milieu manufacturier permettra à terme d’intégrer davantage de femmes dans cette industrie surreprésentée par les travailleurs masculins.

Essentiellement, l’organisme Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) pilotera pendant deux ans un projet visant à identifier les raisons de la sous-représentation des femmes, à documenter les meilleurs modèles d’inclusion et à accompagner 75 entreprises pour instaurer des pratiques plus inclusives envers les femmes.

« Ça va s’exprimer par de meilleures méthodes de recrutement, des moyens de rétention plus adaptés à la spécificité des femmes, peut-être un accommodement des milieux de travail, une réorganisation du travail de manière à permettre une meilleure présence des femmes », a expliqué le ministre Boulet, en entrevue avec La Presse.

Le milieu manufacturier peine à attirer des employées. Moins du tiers des emplois de cette industrie étaient occupés par des femmes en 2017 au Canada. Dans certains domaines de production, on compte moins d’une femme sur dix à l’emploi.

« Les milieux ne sont pas adaptés. Ils sont très masculins, souligne Véronique Proulx, présidente-directrice générale de l’organisme MEQ. Je prenais l’exemple des douches et des salles de bain. Dans certaines entreprises, il n’y avait pas de salles de bain réservées aux femmes. Ça te prend un minimum si tu veux attirer des femmes dans ton entreprise. C’est un exemple simpliste, mais ça traduit une réalité. »

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Véronique Proulx

Selon elle, les entreprises du milieu manufacturier doivent prendre le virage féminin pour « assurer leur croissance et leur pérennité ». Déjà, certaines grandes entreprises ont changé par exemple la hauteur des comptoirs de travail pour l’adapter aux femmes.

Ainsi, le projet-pilote va permettre de « mieux comprendre les freins à l’intégration des femmes et outiller les manufacturiers afin qu’ils soient plus attractifs et inclusifs auprès des femmes », indique la ministre Isabelle Charest.