(Ottawa) L’inflation canadienne a accéléré en janvier pour atteindre 2,4 %, sa cadence la plus rapide en près de deux ans, alimentée par une hausse des prix de l’essence à la pompe et des tomates, en plus d’une rare croissance des prix des vêtements, a indiqué mercredi Statistique Canada.

Cette évolution se compare à une inflation annuelle de 2,2 % en décembre. Les économistes s’attendaient à une lecture de 2,3 % pour janvier, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

Les inquiétudes géopolitiques au Moyen-Orient ont contribué à la hausse de 11,2 % des prix de l’essence au début janvier, comparativement au premier mois de 2019, pendant lequel la surabondance de l’offre avait fait baisser les prix.

Statistique Canada a précisé qu’en excluant l’essence, l’inflation annuelle s’était établie à 2,0 % en janvier.

Mais à la fin de janvier, les prix de l’essence sont repartis à la baisse, en réponse à la nouvelle épidémie de coronavirus, et des économistes ont estimé que l’effet des prix de l’essence devrait se dissiper.

Des experts ont également souligné que les données publiées mercredi par Statistique Canada ne faisaient qu’amoindrir légèrement la probabilité de voir la Banque du Canada réduire son taux d’intérêt directeur cette année.

La banque centrale a laissé la porte ouverte à une baisse des taux pour stimuler la croissance et les dépenses de consommation si elle constatait un ralentissement économique plus persistant que prévu.

« Je pense qu’ils sont un peu inquiets du fait qu’avec le ralentissement récent de la croissance, l’inflation ne restera pas dans la cible », a expliqué Josh Nye, économiste principal chez Économique RBC.

« Malgré la légère surprise à la hausse en ce qui a trait à l’inflation d’ensemble en janvier, et avec une inflation de base toujours à 2,0 %, je pense que la porte est toujours ouverte pour que la Banque du Canada abaisse les taux d’intérêt cette année. »

La moyenne des trois mesures canadiennes de l’inflation de base, qui sont considérées comme de meilleurs indicateurs des pressions sous-jacentes sur les prix et sont étroitement surveillées par la Banque du Canada, était de 2,033 %, comparativement à 2,067 % en décembre.

« Malgré l’accélération de l’inflation d’ensemble, les pressions sous-jacentes sur les prix semblent perdre un certain élan », a pour sa part écrit Royce Mendes, économiste principal à la Banque CIBC, dans une note.

L’augmentation globale des prix de 2,4 % par rapport à il y a un an est également attribuable à la hausse des frais d’intérêt hypothécaire, aux achats de véhicules automobiles, aux primes d’assurance automobile et à la hausse des loyers.

Les augmentations ont été en partie contrebalancées par la baisse des prix des services téléphoniques, de l’accès à internet, des droits de scolarité et de l’hébergement des voyageurs.

Les prix des légumes frais ont augmenté de 5,0 %, en grande partie à cause d’un bond de 10,8 % des prix des tomates attribuable aux intempéries dans les régions productrices des États-Unis et du Mexique.

Et les prix dans la catégorie des vêtements et des chaussures, qui ne sont habituellement pas un moteur de l’inflation, ont bondi de 3,9 % par rapport à l’année précédente, ce qui, selon les économistes, a été leur croissance annuelle la plus rapide depuis 1991.

L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a fait remarquer que les coûts du logement semblaient étrangement modérés — la croissance des loyers a ralenti à 2,4 % en janvier, contre 3,4 % en décembre — même si les prix des maisons à travers le pays ont bondi.

Dans l’ensemble, l’inflation « réduit légèrement la probabilité d’une baisse des taux de la Banque du Canada », a fait valoir M. Porter.

« Malgré tout, il est certain que le marché s’attend encore largement à une baisse des taux à un moment donné cette année. »

À l’échelle régionale, les prix d’une année à l’autre ont augmenté davantage en janvier qu’en décembre dans toutes les provinces sauf l’Ontario et le Québec.