(Washington) La croissance des États-Unis est allée moins vite en 2019 que ce qu’avait promis Donald Trump, les entreprises ayant freiné leurs investissements à cause de la guerre commerciale déclenchée par le président des États-Unis avec la Chine.

L’expansion du PIB de la première économie du monde a en effet ralenti à 2,3 % en rythme annuel contre 2,9 % en 2018, selon l’estimation préliminaire du département du Commerce publiée jeudi.

La croissance reste solide comparée aux grands pays européens. Pour autant, elle demeure loin des 3 % visés par l’hôte de la Maison-Blanche.

Outre le ralentissement des investissements des entreprises (+2,1 % contre +6,4 %), la crise du 737 MAX de Boeing, gros contributeur du commerce extérieur, a plombé les exportations américaines (0 % après +3 % en 2018).

Cet avion-vedette du constructeur américain a été cloué au sol en mars 2019 par les autorités de sécurité aérienne du monde entier à la suite de deux accidents rapprochés ayant fait un total de 346 morts.  

« C’est une économie fondamentalement saine », a réagi le conseiller économique de la Maison-Blanche, Larry Kudlow, sur Fox News Business, notant que le taux de chômage était au plus bas depuis 50 ans.

Il a rappelé que la grève historique chez General Motors à l’automne avait aussi eu un impact sur la croissance et reconnu que la guerre commerciale avait créé de l’incertitude, minant la confiance des entreprises.

Au rang des bonnes nouvelles, les dépenses des ménages, locomotive traditionnelle de la croissance puisqu’elles représentent 70 % du Produit intérieur brut (PIB) américain, sont restées soutenues (+2,6 %) en 2019, quoique moins fortes qu’en 2018 (+3 %).

Même tendance pour les dépenses du gouvernement qui ont augmenté de 2,3 % contre 3,5 % en 2018.

Année électorale

Le seul dernier trimestre a été meilleur que prévu, reflétant « les contributions positives » des dépenses de consommation des ménages, les dépenses publiques, les investissements dans l’immobilier et les exportations, a souligné le département du Commerce.

En revanche, ces éléments ont été contrariés par une baisse des investissements des entreprises (-1,5 %) dont un recul de 10,1 % de leurs investissements de structure et de 2,9 % de leurs investissements en équipements.

Les importations ont, elles, fortement diminué au cours des trois derniers mois de l’année (-8,7 %) en raison des droits de douane punitifs réciproques entre Washington et Pékin qui ont ralenti les échanges.

L’administration Trump précise que ces estimations ont été réalisées sur des données encore incomplètes. La seconde estimation du dernier trimestre sera publiée le 27 février.  

Ces données sont scrutées à la loupe par les économistes en cette année électorale aux États-Unis et alors que l’économie est le principal atout du président républicain Donald Trump, qui brigue un second mandat.  

La modération de la croissance américaine est attendue en 2020 par le Fonds monétaire international (FMI) qui anticipe depuis longtemps un effet moindre de la réforme fiscale entérinée fin 2017 et qui avait largement stimulé la croissance en 2018.

La réalisation de l’objectif de 3 % de croissance économique de Donald Trump pourrait ainsi s’avérer difficile avant l’élection de novembre.  

L’année 2020 avait pourtant plutôt bien commencé pour l’économie américaine puisque Washington et Pékin ont signé un accord commercial.

Mercredi, Donald Trump a en outre promulgué le nouvel accord de libre-échange avec le Canada et le Mexique.

« Ce sont clairement des développements positifs », a réagi mercredi le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell.  

La Chine s’est engagée à acheter pour 200 milliards de dollars de biens américains supplémentaires.

Mais c’était avant l’épidémie du nouveau coronavirus. Le bilan des contaminations s’élève à environ 7700 cas et 170 personnes sont mortes en Chine, selon le dernier bilan du gouvernement chinois.

« C’est un problème très grave » qui crée de l’incertitude pour les perspectives économiques mondiales, a averti Jerome Powell, soulignant que la Fed allait en particulier être attentive aux « éventuelles ramifications aux États-Unis ».

Larry Kudlow s’est, lui, dit confiant sur les capacités de l’économie américaine à enregistrer cette année des trimestres de croissance à 3 %.

Il y a « une formidable reprise de l’immobilier », les accords commerciaux vont être mis en œuvre, a-t-il argué.  

« Je pense que nous verrons une forte reprise de la croissance, nous ne le verrons peut-être pas dans le trimestre d’hiver, mais j’espère que nous le verrons au printemps et plus tard cette année », a-t-il ajouté. Opportunément avant l’élection de novembre.