(Washington) La Banque centrale américaine a signalé mercredi qu’elle pourrait laisser les taux inchangés en 2020 à l’issue de sa dernière réunion monétaire de l’année.

La Réserve fédérale (Fed) a décidé de faire une pause dans sa baisse des taux d’intérêt après trois replis d’affilée pour parer aux tensions commerciales et à la faiblesse de la croissance mondiale.

Alors que Donald Trump réclame des baisses de taux d’intérêt toujours plus fortes, le président de la Fed Jerome Powell a, lui, souligné que les membres du Comité monétaire allaient d’abord observer les effets des précédentes baisses avant de prendre une décision.

Pour l’heure, il estime que le taux actuel « demeure approprié » tant que les perspectives économiques restent inchangées.

« Notre perspective économique demeure favorable malgré les développements et les risques toujours présents », a déclaré M. Powell lors d’une conférence de presse.

« Nous pensons que la politique monétaire est bien positionnée pour servir le peuple américain », a-t-il ajouté.

Cette fois, la décision de maintenir les taux dans une fourchette comprise entre 1,50 % et 1,75 % a été unanime alors que la baisse des taux d’intérêt avait divisé les membres du Comité monétaire.

La Banque centrale a une nouvelle fois souligné qu’elle allait surveiller de près les implications sur l’économie américaine « des développements à l’international et de la faible inflation ».

Et Jerome Powell a expliqué qu’il voulait voir l’inflation « persister » avant de relever les taux.

Cet automne, les inquiétudes autour d’un ralentissement de la croissance mondiale et des péripéties du Brexit, ainsi que les tensions commerciales, avaient conduit l’institution à abaisser les taux, ce que le président américain appelait de ses vœux.

Le Comité monétaire a maintenu sa projection de croissance à 2 % en 2020, 1,9 % en 2021 après 2,2 % cette année et prévoit que le taux de chômage reste à 3,5 %, un plus bas en 50 ans.

Comme dans son évaluation d’octobre, elle note que les dépenses des ménages ont fortement augmenté, mais que les investissements des entreprises sont faibles.

Si l’on en croit les projections des membres du Comité sur l’évolution des taux, ceux-ci devraient rester en l’état en 2020. Seulement 4 participants sur 17 estiment en effet qu’il faudra les relever alors qu’ils étaient 7 à le penser en septembre.

L’économie des États-Unis est dans sa 11e année de croissance relativement soutenue par rapport à la performance des autres pays industrialisés avec un PIB en expansion de 2,1 % au troisième trimestre en rythme annuel.

Le marché du travail a encore surpris les économistes par sa vitalité en novembre, avec la création de 266 000 emplois et un taux de chômage à nouveau au plus bas depuis un demi-siècle, à 3,5 %.

L’inflation pour sa part reste modeste, mais a frémi en novembre, selon l’indice CPI (+0,3 % sur le mois) publié mercredi, poussée par une hausse des prix de l’énergie. Pour la première fois depuis un an, elle s’est inscrite à 2,1 % sur douze mois, un peu au-dessus de la cible idéale de la Fed, qui préfère toutefois considérer l’indice PCE toujours plus faible.

Optimisme et commerce

En outre, un vent d’optimisme souffle sur le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis, les deux pays préparant le terrain, selon le Wall Street Journal, pour reporter une nouvelle salve de tarifs douaniers que Washington entendait infliger dès le 15 décembre sur quelque 160 milliards de dollars de marchandises chinoises prisés par les Américains, telles que les téléphones portables ou les chaussures de sport.

Les nouvelles sont bonnes aussi du côté du nouveau traité commercial qui lie les États-Unis, le Mexique et le Canada.

L’accord de libre-échange entre Washington, Mexico et Ottawa (AEUMC) a été bouclé mardi après le feu vert des démocrates américains qui ont obtenu d’importants amendements au texte initial.  

Si M. Powell estime que cela va avoir un effet positif sur l’économie américaine, il a relevé que les négociations avec la Chine avaient un impact plus important encore.

La semaine monétaire a été marquée par le décès de l’ancien président de la Fed Paul Volcker, 92 ans, une légende du monde financier et défenseur farouche de l’indépendance de la Fed. Jerome Powell, qui subit depuis le début de son mandat il y a deux ans une pression inédite de la Maison-Blanche, a salué la stature du banquier central « qui croyait qu’il n’y avait pas de mission plus élevée que celle du service public ».