(Washington) Les principaux négociateurs du nouvel accord de libre-échange ACEUM, entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, se retrouvent mardi à Mexico pour peaufiner la ratification de ce traité, un an après sa signature.

« Je confirme que […] mardi 10 décembre, à 12 h locales (13 h HE) les équipes de négociateurs du Mexique, des États-Unis et du Canada se réuniront pour présenter les progrès réalisés sur la modernisation de l’ACEUM », une refonte de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) vieux de 25 ans, a annoncé le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard.

Du côté du Canada, le premier ministre Justin Trudeau a indiqué s’être entretenu lundi avec le président américain Donald Trump sur les progrès réalisés en vue de la ratification de l’accord.

Les deux dirigeants ont indiqué avoir hâte de poursuivre leur collaboration et rester en contact durant les dernières étapes des négociations, a encore précisé dans un communiqué le cabinet de M. Trudeau.

Pour sa part, Donald Trump s’est aussi montré optimiste.

« Cela se passe très bien sur l’ACEUM, les syndicats et d’autres me disent que ça se présente bien », a-t-il déclaré lundi le président américain à propos de la finalisation du traité. « On me dit que ça se passe bien et que d’importants progrès ont été faits ces dernières 48 heures ».

L’ACEUM, qui modernise le traité de l’ALENA signé par Bill Clinton il y a 25 ans et qui a intimement lié les trois économies entre elles, a été signé par les trois pays fin novembre 2018, mais seul le parlement mexicain l’a pour le moment ratifié.

« Proches d’un accord de principe »

Les démocrates américains, qui ont la majorité à la Chambre des représentants, avaient rapidement exigé des amendements, et le principal négociateur américain a depuis de longs mois repris langue avec son homologue mexicain pour tenter de trouver les termes d’un amendement à l’accord qui satisfasse en particulier les syndicats américains.

Les choses semblent désormais proches de leur conclusion.

Selon le Washington Post, le représentant américain au Commerce Bob Lighthizer (USTR) va se rendre dès mardi à Mexico, ainsi que le gendre et conseiller du président Trump, Jared Kushner, pour assurer la signature de l’accord. Lundi soir, les services de l’USTR, interrogés par l’AFP, n’avaient pas confirmé ce déplacement.

PHOTO PATRICK SEMANSKY, AP

Chrystia Freeland et le représentant américain au Commerce Bob Lighthizer

La vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, était aussi en route pour le Mexique lundi soir, ont indiqué ses services.

Interrogé plus tôt à Ottawa, Justin Trudeau, le premier ministre canadien, a lancé : « Nous travaillons très dur et nous avons bon espoir d’arriver à une ratification bientôt ». Les Canadiens sont prêts mais ont toujours dit attendre que Washington ratifie le texte avant de le faire eux-mêmes.

« Un accord final pourrait être conclu dans les 24 heures, selon plusieurs sources, ouvrant la voie à la ratification », a affirmé pour sa part la chaîne financière Fox Business.

Selon la chaîne CNBC, la Maison-Blanche et l’opposition démocrate sont « proches d’un accord de principe » et un vote de ratification du texte pourrait avoir lieu au Congrès le 18 décembre, si le texte est présenté d’ici le 15 décembre.

« J’espère qu’ils (les démocrates) vont le mettre au vote. S’ils le mettent au vote, ça va passer », a pronostiqué le président.

Atténuer la concurrence

« Nous continuons à examiner la proposition. Pas d’accord à annoncer pour le moment », avait toutefois indiqué un haut-conseiller démocrate américain à l’AFP auparavant.

Donald Trump avait dénoncé l’ALENA peu après son arrivée à la Maison-Blanche, après l’avoir vilipendé pendant toute sa campagne.

Il accusait l’accord de nuire aux États-Unis et d’être à l’origine de la destruction de milliers d’emplois, en particulier dans le secteur manufacturier.

Aux États-Unis, les démocrates ont bloqué la ratification, sous l’impulsion des syndicats. Ils craignaient que rien ne permette de vérifier l’application du texte, en particulier la hausse des salaires horaires des travailleurs mexicains du secteur automobile. Cette augmentation doit permettre d’atténuer la concurrence entre les travailleurs des trois pays.

Selon Fox Business, les Mexicains ont accepté que l’application de l’accord soit supervisée par « une partie neutre », après s’y être longtemps opposés.

L’ACEUM prévoit par ailleurs pour le secteur automobile un changement important des règles dites d’origine, incitant à se fournir bien davantage en matériaux et composants de fabrication américaine.

Le Mexique a indiqué dimanche vouloir amender les termes du nouvel accord concernant l’acier et l’aluminium.

Les termes de l’ACEUM imposent à Mexico de s’approvisionner en acier-nécessaire à son industrie automobile-à 70 % en Amérique du Nord. Or, Mexico se fournit également beaucoup au Brésil, au Japon et en Allemagne.

REUTERS

Marcelo Ebrard

Le Mexique réclamera lors de la prochaine réunion des négociateurs du nouveau traité que l’application de la mesure ne soit pas immédiate, mais repoussée à « plus de cinq ans » après son entrée en vigueur, a souligné M. Ebrard.