(Québec) Québec n’a aucune idée du manque à gagner financier et fiscal causé par la pénurie de main-d’œuvre et pourtant, les retombées pourraient être « extrêmement importantes ».

On estime que le nombre de postes à combler avoisine les 130 000 au Québec, donc autant de salaires, mais aussi d’impôts et de taxes qui ne sont pas versés, cependant le gouvernement Legault ne dispose d’aucune donnée sur cet enjeu.

« Non, mais nous allons le faire, c’est une excellente suggestion », a déclaré le ministre des Finances, Eric Girard, lors de la présentation de sa mise à jour économique et financière jeudi après-midi, à Québec.

En s’adressant à son sous-ministre Pierre Côté, assis sur sa droite, M. Girard a dit : « Vous n’avez pas eu de questions (pendant la conférence de presse), mais vous allez avoir du travail. »

L’ancien ministre libéral des Finances, Carlos Leitão, a confirmé qu’une telle étude est faisable et souhaitable. Il n’a pu évaluer l’ampleur du manque à gagner, mais ce calcul peut se faire, a-t-il dit en entrevue avec La Presse canadienne.

« Peut-être que l’estimation n’existe pas, mais ça peut se faire. Le ministère des Finances a les modèles (économiques) et les outils pour le faire. »

Connu pour avoir redressé les finances publiques du Québec de 2014 à 2018, M. Leitão, qui était auparavant un prévisionniste, soutient par ailleurs que de combler la pénurie de main-d’œuvre comporterait plusieurs effets bénéfiques.

« Cela pourrait donner des retombées fiscales extrêmement importantes », a-t-il affirmé, parce que non seulement il y aurait plus de personnes au travail, mais de surcroît, cela exercerait une pression à la hausse sur les salaires, selon lui.

En outre, un afflux de personnes sur le marché du travail contribuerait à réduire encore davantage le taux de chômage déjà très bas, a-t-il poursuivi.

Le dossier de la main-d’œuvre met d’ailleurs le gouvernement particulièrement sur la défensive cette semaine, en raison de la controverse qui entoure la réforme de l’immigration présentée par le ministre Simon Jolin-Barrette.

Le gouvernement a abaissé le contingent d’immigrants qui seront admis pour la prochaine année, alors que la pénurie de main-d’œuvre frappe pratiquement toutes les régions. En outre, les nouvelles règles du Programme d’expérience québécoise (PEQ) réduisent considérablement le nombre d’étudiants et d’employés qui pourraient être acceptés au Québec.