(Washington) Le marché du travail américain a bien résisté en octobre malgré le ralentissement mondial et les tensions commerciales, continuant à fournir de nombreuses embauches en dépit d’une légère remontée du taux de chômage, due en partie aux effets de la longue grève chez General Motors.

Selon le rapport mensuel du département du Travail publié vendredi, l’économie des États-Unis a créé 128 000 emplois en octobre, un peu plus que prévu. Les analystes misaient sur 125 000 créations d’emplois. Les chiffres d’août et de septembre ont en outre été révisés en forte hausse de 95 000.

Le président Donald Trump s’est réjoui de ces annonces sur Twitter : « Waouh, des chiffres du chômage qui déménagent ».

Malgré ce dynamisme, le taux de chômage, qui avait atteint un plus bas historique en septembre à 3,5 %, est remonté d’un dixième de point à 3,6 %.

La grève de quarante jours chez le constructeur automobile de Detroit General Motors, la plus longue depuis les années 70 et qui a débouché sur un accord salarial, est en partie responsable de cette hausse du taux de sans-emploi.

« Au sein du secteur manufacturier, l’emploi a reculé dans la branche automobile et pièces détachées à cause d’une grève », dit le rapport du ministère du Travail.

L’évolution du taux de chômage a été défavorisée également par un facteur positif paradoxal : l’augmentation du taux de participation à l’emploi.

Témoins du dynamisme de l’activité, quelque 325 000 nouveaux chercheurs d’emplois ont rejoint le marché du travail en octobre gonflant le taux de participation à l’emploi à 63,3 %, son plus haut niveau depuis 2013.

Responsable de la vitalité du marché du travail, le secteur des services a encore créé 157 000 embauches.

Modeste hausse des salaires

La grève chez General Motors en revanche a fait chuter le secteur manufacturier (-36 000), qui accuse sa plus forte baisse mensuelle d’effectifs depuis la récession de 2009, a précisé un statisticien du département du Travail.

L’activité manufacturière aux États-Unis est en contraction depuis plusieurs mois comme l’a encore montré vendredi l’indice ISM manufacturier qui s’est inscrit à 48,3 %. C’est un peu mieux qu’en septembre, mais encore en dessous de la barre des 50 qui indique la frontière entre contraction et expansion.

Le secteur public a aussi vu ses emplois baisser, après quatre mois de hausse due aux embauches pour procéder au recensement.

Mais les embauches ont été dynamiques dans le commerce de détail, les bars et restaurants ainsi que dans les services financiers.

L’évolution du salaire horaire moyen a en revanche déçu. Elle n’a augmenté que de 0,2 % quand les analystes attendaient +0,3 % après avoir stagné le mois d’avant. Sur douze mois, le salaire horaire moyen est en hausse de 3 %, un peu au-dessus de l’inflation qui s’est établie à 1,3 % sur un an, selon l’indice PCE.

Ces chiffres solides de l’emploi montrent que, malgré le net coup de frein du secteur manufacturier, l’activité de la première économie mondiale résiste mieux que ne l’anticipent de nombreux économistes.  

La croissance du PIB au 3e trimestre, annoncée mercredi, s’est maintenue à un meilleur niveau que prévu juste sous la barre des 2 %, même si elle a ralenti depuis le début de l’année et si elle s’affiche désormais loin des promesses de Donald Trump de faire caracoler l’expansion à plus de 3 %.

De juillet à septembre, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a affiché 1,9 % en rythme annuel après 2 % au deuxième trimestre et 3,1 % au 1er.

De son côté, la Banque centrale (Fed) a soutenu l’économie avec trois baisses des taux d’un total de 75 points de base face au ralentissement mondial et aux incertitudes commerciales.  

Mais mercredi après une dernière réduction du coût du crédit, le président Jerome Powell a laissé entendre que la Fed ferait une pause dans les baisses de taux.

La Fed « projette une croissance modeste et un marché de l’emploi dynamique », a dit M. Powell ajoutant que la politique monétaire était désormais « au niveau adéquat ».

Pour Michael Pearce, économiste pour Capital Economics, « la solidité de ces chiffres de l’emploi, ainsi que la croissance trimestrielle plus forte que prévu à 1,9 %, semble conforter la décision de la Fed d’adopter désormais une position neutre » sur les taux.