(Ottawa) Les grandes entreprises ajoutent leur voix à un appel plus large en faveur de réformes économiques visant à stimuler l’économie au Canada, dans la foulée d’une campagne électorale souvent critiquée pour son manque de discussions politiques approfondies.

Le Conseil canadien des affaires, un groupe de pression représentant les dirigeants des plus grandes entreprises, souligne dans un nouveau rapport ses préoccupations concernant des obstacles tels que le vieillissement de la population, la stagnation de la productivité et les menaces économiques mondiales.

Le document énonce des recommandations qui, selon le Conseil, amélioreraient la position du Canada.

« Lors de la campagne et sur les plateformes des partis, ces questions ont reçu peu d’attention, voire aucune. Elles ne peuvent et ne doivent plus être ignorées », indique le rapport dans un message aux dirigeants politiques.

« En tant que dirigeants, vous avez maintenant le choix. D’ici la prochaine campagne, vous pouvez consacrer toute votre énergie à la lutte pour obtenir un avantage tactique à court terme. Ou vous pouvez reconnaître que le monde change — et qu’il change rapidement. »

Les partis politiques ont en grande partie évité de présenter des visions détaillées sur la meilleure manière de stimuler l’avenir économique du Canada, alors même que l’économie mondiale affichait des signes de ralentissement.

Dans son rapport, le conseil a appelé la préparation du vote du 21 octobre « l’une des campagnes électorales fédérales les plus polarisées, les plus agitées et les plus frustrantes de mémoire récente ».

Les dirigeants de divers milieux d’affaires ont exhorté le nouveau gouvernement à définir une stratégie sur la meilleure façon de rendre le Canada plus prospère, en particulier en cette période de grande incertitude commerciale et de changements technologiques rapides.

Le rapport énumère une demi-dizaine de recommandations adressées au gouvernement libéral minoritaire de Justin Trudeau, qui aura le défi supplémentaire de négocier avec les députés de l’opposition en vue de l’adoption de projets de loi.

Les recommandations, a expliqué le Conseil, s’appuient sur des mois de consultations avec des particuliers, des agences de services sociaux, des groupes de défense de l’environnement et des syndicats, des organisations autochtones, des économistes, ainsi qu’avec des représentants élus actuels et anciens de différents ordres de gouvernement.

Parmi ces idées se trouve notamment une augmentation de l’immigration pour garnir les rangs de la main-d’œuvre, un assouplissement de la réglementation, une mise à jour du système fiscal et une convocation pour une rencontre des premiers ministres au cours de laquelle serait élaborée une stratégie pour les ressources nationales.

On demande également au gouvernement de créer un organisme indépendant chargé d’identifier et de hiérarchiser les projets d’infrastructure d’importance nationale.

Le Conseil appuie la Banque de l’infrastructure du Canada, une agence de financement fédérale créée par les libéraux pour de nouveaux projets. Mais il estime que l’agence ne procure toujours pas au pays une source nationale fiable de données sur l’état des infrastructures, ni une source indépendante de conseils aux gouvernements, à l’industrie et au public.

Le rapport recommande également au gouvernement d’adopter une approche plus réaliste de la politique étrangère afin de renforcer les défenses du Canada contre les risques émergents, y compris les menaces numériques et cybernétiques.

Le Conseil canadien des affaires précise que les États-Unis resteront le principal partenaire économique et de sécurité du Canada, et que la gestion des relations bilatérales doit ainsi être au centre des préoccupations de la politique étrangère. Toutefois, selon le rapport, le Canada ne peut plus présumer automatiquement que les États-Unis seront de son côté et il devra être prêt à se défendre lui-même.