(Washington) Donald Trump a annoncé lundi qu’il privilégiait un accord commercial global avec Pékin plutôt qu’un traité partiel, quelques jours avant la reprise, à Washington, des négociations pour tenter de sortir de l’impasse de la guerre des droits de douane.

« Je penche plutôt pour un grand accord », a déclaré le président américain en marge de la signature d’un traité commercial partiel avec le Japon.

Un accord partiel avec la Chine « n’est pas du tout ce que nous préférons », a-t-il ajouté, tout en se félicitant que les Chinois « commencent à acheter beaucoup de produits agricoles » américains.

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Donald Trump

Comme lors des rondes de tractations précédentes, c’est le représentant américain au Commerce extérieur, Robert Lighthizer, et le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, qui dirigeront les discussions avec une délégation chinoise emmenée par le vice-premier ministre Liu He, a indiqué lundi matin la Maison-Blanche dans un communiqué.

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Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin (à gauche) et le représentant au Commerce Robert Lighthizer ont rencontré le vice-premier ministre chinois à Pékin, le 31 juillet.

Signe de l’importance du rendez-vous, la délégation chinoise comprendra aussi le ministre du Commerce Zhong Shan, le gouverneur de la banque centrale Yi Gang et le vice-ministre de l’Industrie et de l’Informatique Wang Zhijun, a précisé l’agence de presse officielle Chine nouvelle.

Alors que Pékin a annoncé le mois dernier qu’il avait recommencé à acheter d’importantes quantités de porc et de soja américains, le vice-ministre de l’Agriculture Han Jun sera également présent à Washington.

Certains médias américains affirment que les autorités chinoises ont considérablement réduit le champ des contentieux qu’elles sont disposées à aborder cette semaine. Mais la Maison-Blanche assure que tous les sujets seront sur la table, y compris celui des subventions aux entreprises d’État chinoises, que Pékin ne souhaiterait plus discuter.

« Les sujets de discussion comprendront les transferts forcés de technologie, le droit de propriété intellectuelle, les services, les barrières non tarifaires, l’agriculture et l’application des lois », ont ainsi détaillé les services du président.

Le principe d’une rencontre entre les deux camps avait été annoncé il y a plusieurs semaines, mais jusqu’à présent aucune date n’avait été officiellement actée.

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Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross

Les discussions reprendront dans un climat refroidi par la décision américaine lundi de placer sur liste noire 28 organisations gouvernementales et commerciales chinoises auxquelles Washington reproche d’être impliquées dans une campagne de répression de la minorité musulmane ouïghoure.

Les États-Unis « ne peuvent pas tolérer et ne tolèreront pas la répression brutale des minorités ethniques à travers la Chine », a justifié dans un communiqué Wilbur Ross, secrétaire américain au Commerce.

Ces entités se voient privées de la possibilité d’importer des produits depuis les États-Unis.

Pression maximale

Vendredi, Donald Trump avait une nouvelle fois donné le ton : il veut « un bon accord » ou pas d’accord du tout.

Et, selon lui, les États-Unis sont en position de force. « La Chine veut vraiment un accord » car les tarifs douaniers imposés par Washington sont en train de tuer son économie, a-t-il répété.

Le président républicain, en campagne pour sa réélection, avait déclaré le 21 septembre qu’il n’avait pas besoin d’aboutir à un accord commercial avec Pékin avant l’élection de 2020, insistant sur la bonne santé de l’économie américaine.

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Le conseiller économique de la Maison-Blanche, Larry Kudlow

Pour l’heure, l’issue des tractations reste pourtant incertaine et l’économie américaine commence à pâtir des incertitudes créées par ce conflit qui dure depuis plus d’un an et demi.

Selon le conseiller économique de la Maison-Blanche, Larry Kudlow, l’imposition de droits de douane punitifs réciproques n’est pas responsable du ralentissement économique aux États-Unis.

Interrogé par ailleurs sur la possibilité de nouer un accord provisoire avec la Chine plutôt qu’un traité global, le conseiller avait pris le contrepied du président et répondu : « Nous verrons ce qu’ils mettent sur la table […] Nous sommes ouverts à cette idée ».

L’hôte de la Maison-Blanche brandit toujours la menace de nouveaux tarifs douaniers sur les importations en provenance de Chine. Cette stratégie de pression maximale s’est révélée infructueuse jusqu’à présent.

Les négociations vont se tenir avant l’échéance du 15 octobre : à cette date, une nouvelle hausse de droits de douane portant sur 250 milliards de dollars de biens chinois pourrait entrer en vigueur. Ils passeraient de 25 % actuellement à 30 %.

Donald Trump avait consenti à reporter cette hausse de 15 jours à la demande de Pékin.