Une nouvelle étude indique que la croissance de l’emploi dans les énergies propres dépassera considérablement celle des combustibles fossiles au cours de la prochaine décennie - tant que les futurs gouvernements canadiens poursuivront ou intensifieront leurs efforts pour lutter contre les changements climatiques.

« Le secteur de l’énergie propre est une bonne nouvelle dont personne ne parle », a déclaré Merran Smith de Clean Energy Canada, un groupe de réflexion de l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique. « On ne doit pas avoir peur d’aller de l’avant dans l’action climatique ».

Plus tôt cette année, le groupe a publié une étude selon laquelle le secteur canadien des énergies propres - englobant les énergies renouvelables et les mesures d’efficacité énergétique - avait déjà créé 300 000 emplois avant 2017.

Une étude publiée mercredi indique que la croissance de l’emploi dans ce secteur surpasse considérablement la plupart des autres secteurs de l’économie.

L’étude, qui utilise des modèles économiques reconnus, suggère que les emplois directs issus des énergies propres augmenteront de 3,4 % par an entre 2020 et 2030. Cela représente près de quatre fois la moyenne canadienne.

Les mêmes modèles suggèrent que les industries des combustibles fossiles vont lentement perdre des emplois au cours de cette période.

Merran Smith a précisé que les données montraient qu’il pourrait y avoir jusqu’à 560 000 emplois dans les énergies propres avant la fin de la prochaine décennie. Ce qui représenterait 160 000 nouveaux emplois, plus que les 50 000 emplois qui devraient disparaître dans le secteur des combustibles fossiles.

L’étude prévoit également une augmentation de 2,9 % par an des sommes investies dans les énergies propres. Les investissements dans les combustibles fossiles devraient diminuer.

Le secteur des combustibles fossiles restera plus gros que celui des énergies propres pour les années à venir. Mais ce que la recherche montre, a déclaré Merran Smith, est que les nouveaux emplois et la croissance proviendront des énergies propres.

« Les énergies propres représentent la voie rapide », a-t-elle déclaré. « C’est là que nous constatons une croissance de l’emploi. »

Ses conclusions s’arriment avec d’autres études.

« La décarbonisation en profondeur créera beaucoup de travail », a indiqué Mark Jaccard, économiste de l’énergie à l’Université Simon Fraser.

Kent Fellows de l’École de politiques publiques de l’Université de Calgary est d’accord. Il a ajouté que des études menées en Colombie-Britannique, qui applique une taxe sur le carbone depuis plus d’une décennie, suggèrent que les mesures climatiques ne font pas perdre des emplois, au contraire ces mesures en créeraient.

« Elles montrent que soit le taux d’emploi reste inchangé, soit il y a peut-être une légère augmentation de l’emploi », a-t-il déclaré. « Les craintes de perdre des emplois partout sont probablement erronées. »

Le groupe britannique Carbon Tracker a constaté que, si l’énergie solaire et éolienne ne fournit que 3 % de l’énergie mondiale, elle représente un quart des nouvelles énergies. Également, même si peu de voitures dans le monde sont électriques, elles représentent 22 % de la croissance des ventes.

L’automatisation fait perdre des emplois dans les champs pétrolifères. Entre 2014 et 2016, la production de l’Alberta a augmenté de près de 10 %, mais il y avait 39 000 emplois en moins.

Merran Smith a fait remarquer que la modélisation suppose que les mesures climatiques canadiennes restent en place ou sont augmentées-ce qui pourrait évidemment changer en raison de la campagne électorale actuelle.

« Nous avons trois partis qui s’engagent non seulement à maintenir ces politiques, mais également à les augmenter », a déclaré Merran Smith.

« Nous avons aussi un parti qui a été clair : ils vont démanteler les politiques qui vont créer ces emplois. »

Les emplois dans les combustibles fossiles dureront longtemps, a-t-elle déclaré, mais la croissance de l’emploi viendra d’ailleurs.

« Le choix ne repose par sur le Canada-c’est le monde qui fait ce choix. Le Canada est dans le match et doit rester dans le match pour progresser dans l’action climatique. »