Les propriétaires canadiens qui ont extrait des liquidités de leur avoir propre foncier par l’entremise d’un prêt ou d’un refinancement ont contribué à alimenter les dépenses des ménages ces dernières années, conclut une recherche menée par le personnel de la Banque du Canada.

Une note analytique signée par quatre chercheurs de la banque centrale indique que les dépenses des ménages ont évolué dans la même direction que les prix des logements au cours de la dernière décennie environ. Les deux ont fortement augmenté en 2016 et en 2017.

En 2017, les dépenses des ménages ont bondi de 3,51 %, tandis que les prix des logements ont progressé de 13,57 %.

Cette tendance découle en partie de l’effet collatéral de la facilité pour les propriétaires de contracter des emprunts adossés à la valeur de leur maison, soit par l’entremise d’une marge de crédit hypothécaire ou par un refinancement de prêt hypothécaire, lorsque les prix de l’immobilier augmentent.

Une marge de crédit hypothécaire est une ligne de crédit garantie par la maison d’un propriétaire immobilier, avec la limite suivante : le solde hypothécaire restant et la marge de crédit ne doivent pas dépasser 80 % de la valeur de la maison. Le refinancement d’hypothèque permet aux propriétaires de remplacer leur hypothèque actuelle par un prêt d’une plus grande valeur, jusqu’à concurrence de 80 % de la valeur de la maison.

Les chercheurs ont découvert qu’en 2017, les propriétaires de maison canadiens avaient extrait 89 milliards de la valeur nette de leur maison grâce à ces moyens — dont 49 milliards attribuables aux marges de crédit hypothécaires.

Les chercheurs ont observé que les emprunteurs avaient utilisé cet argent pour payer, entre autres, des articles coûteux, tels que des voitures et des meubles, ou pour financer des rénovations. Leurs recherches suggèrent que cela « semble avoir beaucoup contribué » à ces dépenses au Canada ces dernières années.

Les chercheurs ont constaté que, fin 2017, cette extraction de capitaux propres pourrait avoir ajouté 2 % aux dépenses de consommation en biens durables et semi-durables (qui comprennent des automobiles et des meubles), ainsi que 11 % en dépenses de rénovation.

Cela aurait eu un impact de 0,5 % sur le niveau du produit intérieur brut (PIB), ont calculé les chercheurs.

Cependant, les choses ont changé en 2018. Cette année-là, le nombre de propriétaires ayant extrait des liquidités de leur propriété a diminué, ce qui aurait eu un impact négatif de 0,1 % sur le PIB.

« Si ce phénomène s’avère puissant, il pourrait fragiliser l’économie en cas d’événements défavorables, comme une chute importante des prix des logements », a indiqué la note analytique, ajoutant que l’absence d’extraction de capitaux propres peut exacerber les réductions de dépenses lors des périodes plus difficiles.

Les chercheurs ont annoncé leur intention de poursuivre l’étude de ce domaine à l’avenir, avec un examen plus approfondi des caractéristiques des emprunteurs et une analyse économétrique des facteurs influençant la décision d’avoir recours à ce mode de financement.