(Pékin) En dépit de nouvelles surtaxes réciproques, la Chine a annoncé jeudi être convenue avec les États-Unis de maintenir le dialogue, avec des négociations prévues « début octobre », au moment où la guerre commerciale commence à affecter durement leur économie.

Certes, les discussions bilatérales auraient dû se tenir en septembre à une date non précisée, mais le simple fait que le contact soit maintenu a suffi à rassurer les marchés.

Les places boursières en Asie ont voulu voir le verre à moitié plein malgré le report d’un mois des discussions.

Le principal négociateur chinois, Liu He, s’est entretenu jeudi matin (heure de Pékin) avec le représentant américain pour le Commerce, Robert Lighthizer, et le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a indiqué le ministère chinois du Commerce.  

Cet échange est intervenu cinq jours après l’entrée en vigueur de nouvelles surtaxes douanières réciproques. Les États-Unis appliqueront désormais d’ici à mi-décembre des droits de douane punitifs sur la quasi-totalité du commerce chinois.

La Chine a répliqué en augmentant les droits de douane sur 75 milliards de dollars de biens américains.

Pékin a par ailleurs annoncé cette semaine qu’il avait déposé une plainte à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en réaction aux nouvelles sanctions américaines.

«Hémorragie d’emplois»

Mardi, le ton est de nouveau monté d’un cran : Donald Trump a menacé Pékin d’une guerre commerciale encore plus dure s’il était réélu. Le président américain a prédit une hémorragie d’emplois en Chine, sans prendre en considération le fait que les industriels américains qui souffrent de sa politique protectionniste.

Des économistes du Peterson Institute for International Economics, un centre de réflexion basé à Washington, ont toutefois mis en doute les affirmations du locataire de la Maison-Blanche.

L’emploi dans le secteur manufacturier en Chine a chuté l’an dernier « mais à un rythme plus lent qu’en 2014-2017, avant l’imposition des droits de douane », affirment-ils dans un rapport.

« Les destructions d’emplois directement attribuables à la guerre commerciale semblent être minimes. »

Le conflit commercial entre Pékin et Washington, débuté l’an dernier, menace à présent la croissance des deux premières économies mondiales.

« L’escalade progressive mais continue du différend commercial entre la Chine et les États-Unis nuit déjà à l’activité économique » dans ces deux pays et le reste du monde, souligne George Zhu, de l’agence de notation financière Moody’s.

Plusieurs instituts ont déjà revu à la baisse ces derniers jours les prévisions de croissance de la Chine pour l’an prochain à moins de 6 % – contre 6,6 % en 2018 –, ce qui serait son rythme le plus lent en près de 30 ans.

L’activité manufacturière en Chine a encore ralenti en août pour le quatrième mois consécutif, selon un indice officiel, dans un contexte de faible demande intérieure.

Plan de soutien

Signe de la pression sur son économie, Pékin a annoncé mercredi de nouvelles mesures de relance à l’issue d’une réunion présidée par le premier ministre Li Keqiang au moment où « la Chine subit une pression économique baissière », comme le reconnaît l’agence de presse officielle Chine nouvelle.

Le gouvernement a appelé la Banque centrale à abaisser le ratio de réserves obligatoires des banques pour faciliter les prêts aux petites et moyennes entreprises – les plus dynamiques en termes d’emploi mais largement tenues à l’écart des crédits contrairement aux grands groupes publics pourtant peu rentables.

De l’autre côté du Pacifique, plusieurs centaines d’entreprises et groupements professionnels américains ont fait part le mois dernier à l’administration Trump de leur crainte pour l’emploi aux États-Unis en cas de nouvelles surtaxes sur les produits chinois.

Sous l’effet des incertitudes liées aux tensions commerciales, l’activité du secteur manufacturier aux États-Unis s’est contractée en août pour la première fois depuis trois ans.