(Biarritz) Accord « majeur » avec le Japon, promesses de lendemains qui chantent avec la Grande-Bretagne : Donald Trump a mis à profit le sommet du G7 pour pousser ses pions sur l’échiquier commercial, restant sourd aux appels de ses partenaires à la désescalade dans sa guerre économique avec la Chine.

« Un très grand accord », a commenté un président américain tout sourire aux côtés du premier ministre japonais Shinzo Abe.  

Profitant d’une de ces réunions bilatérales qui rythment les discussions des dirigeants de sept grands pays industrialisés réunis jusqu’à lundi dans l’élégante station balnéaire de Biarritz, M. Trump a annoncé dimanche la conclusion d’un accord commercial « de principe » entre Washington et Tokyo.

« Nous sommes parvenus à trouver un consensus » après d’« intenses négociations », a confirmé M. Abe, à propos de ce texte qui couvre les secteurs de l’agriculture et du commerce en ligne. « Mais il nous reste un peu de travail […] notamment pour finaliser la formulation ».  

Après « cinq mois de négociations », le texte pourrait être officiellement paraphé à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU en septembre, a précisé le président américain, qui l’avait qualifié de « majeur » dans la matinée.

Donald Trump a maintes fois fustigé « l’énorme déséquilibre » commercial bilatéral, au bénéfice du Japon, et les deux pays étaient convenus fin juin de passer à la vitesse supérieure dans leurs discussions.

Selon les médias japonais, les négociateurs se sont notamment mis d’accord sur une baisse des droits de douane au Japon sur le bœuf et le porc américains. Les États-Unis vont quant à eux annuler leurs taxes douanières sur un grand nombre de produits industriels en provenance de l’archipel nippon, sans toucher pour l’instant à ceux sur les automobiles japonaises, qui feront l’objet de discussions ultérieures, d’après la chaîne de télévision NHK.

« L’homme qu’il faut »

Autre motif de satisfaction pour le président américain : une première rencontre parfaitement cordiale dans la matinée avec le nouveau premier ministre britannique Boris Johnson et là encore la perspective d’un « très grand » accord.

« C’est l’homme qu’il faut pour faire le travail », a lâché Donald Trump, affichant sa complicité avec l’impétueux BoJo, présent pour défendre pied à pied le Brexit.  

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Boris Johnson et Donald Trump

M. Trump a promis au Royaume-Uni un « très grand accord commercial, rapidement, plus grand qu’il n’y en a jamais eu » après la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne le 31 octobre.

Affichant sa confiance, Boris Johnson a aussi affirmé que les deux pays concluraient un « fantastique accord commercial une fois les obstacles écartés ». Un accord dont Londres a cruellement besoin pour amortir le choc commercial qui se profile du fait du Brexit.

Quant à la guerre de tranchées l’opposant à Pékin — à coup de hausses de droits de douane de part et d’autre —, qui affole les marchés et fait frémir ses alliés inquiets de ses répercussions sur l’économie mondiale, Donald Trump campe sur ses positions. Loin de rassurer ses pairs qui l’avaient appelé à la désescalade.

S’il a un regret — comme il l’a un temps laissé penser dans la matinée en assurant « y réfléchir à deux fois sur tous les sujets » —, c’est de ne pas avoir été encore plus dur, a clarifié sa porte-parole Stéphanie Grisham.

« Il a été demandé au président s’il avait “envie de se raviser sur l’escalade de la guerre commerciale avec la Chine”. Sa réponse a été très mal interprétée », a-t-elle affirmé. « Le président Trump a répondu par l’affirmative car il regrette de ne pas avoir encore plus relevé les droits de douane ».

Seule concession, mise en avant par le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin à Biarritz : le président avait l’autorité d’exiger de la part des entreprises américaines de cesser de faire des affaires en Chine mais « il ne l’a pas fait ».

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Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin

La guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques du monde n’a cessé de s’exacerber depuis les premières mesures prises par Donald Trump sur l’acier et l’aluminium en mars 2018, au risque de fortes turbulences économiques.  

Pékin a annoncé vendredi de nouvelles représailles douanières sur 75 milliards de dollars de produits américains et Washington a aussitôt riposté en relevant les droits de douane de 25 % à 30 % sur 250 milliards de dollars de marchandises chinoises. En outre, les 300 milliards de dollars d’importations restantes en provenance de Chine seront taxées à hauteur de 15 % au lieu de 10 %.  

En colère, Pékin a promis samedi que les États-Unis subiraient « les conséquences » de ce « harcèlement ».