À partir du 1er septembre prochain, l’aluminium canadien courra moins de risques d’être frappé de nouveaux droits douaniers par les États-Unis.

C’est le résultat indirect et souhaité de l’annonce faite hier par Affaires mondiales Canada, qui ajoute les produits en aluminium à la liste des marchandises contrôlées en vertu de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation.

Cette mesure avait été convenue dans la Déclaration commune signée le 17 mai dernier par le Canada et les États-Unis, qui mettait fin aux tarifs frappant l’aluminium et l’acier canadiens.

Dès septembre, les importateurs canadiens seront tenus de fournir des informations détaillées sur les produits d’aluminium qu’ils importent.

Les autorités canadiennes recueilleront ainsi des données précises et à jour sur les mouvements d’aluminium à la frontière.

Jusqu’à présent, ces renseignements étaient colligés de manière indirecte et publiés tous les deux mois par Statistique Canada.

« À partir du 1er septembre, les données vont être disponibles sur une base hebdomadaire », se réjouit Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada.

« Ça va faire en sorte qu’ils vont avoir une granularité d’informations beaucoup plus grande, et dans des délais qui vont permettre aux autorités canadiennes de faire leur travail. C’est ça, le gros changement. »

Outils pour gérer les mouvements

Ainsi armées, les autorités canadiennes pourront mieux prévenir le contournement des règles commerciales canadiennes et américaines.

On veut éviter qu’un bassin de production étranger – la Chine, pour ne pas la nommer – puisse faire entrer au Canada certains produits d’aluminium qui, une fois légèrement transformés, pourraient ensuite passer aux États-Unis sans être soumis aux tarifs auxquels ils sont assujettis.

Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada

L’autre point de friction avec les autorités douanières américaines survient lorsque leur attention est attirée par l’afflux subit de certains sous-produits d’aluminium à la frontière. Ces pointes temporaires trouvaient peut-être de bonnes explications, mais le Canada était jusqu’à présent incapable de les produire en temps opportun.

« L’important est d’être capable d’expliquer, commente Jean Simard. Et pour expliquer, il faut une bonne granularité, mais aussi une vision pratiquement en temps réel pour suivre les choses. »

C’est ce que permettront les mesures annoncées hier, dont l’Association de l’aluminium du Canada se réjouit, d’autant qu’elles sont munies du mordant nécessaire à leur respect.

« Quand on est dans une situation aussi tendue que celle que nous avons avec nos voisins américains, dans le contexte d’un nouvel ALENA qui demeure à mettre en place, il faut que le gouvernement canadien se donne des outils, à l’intérieur de sa juridiction, pour gérer les mouvements de métal », insiste son président.

« Pour nous, l’enjeu a toujours été d’être très exposé, à travers des choses sur lesquelles on n’a aucun contrôle, au risque que notre marché principal remette des barrières tarifaires sur nos exportations parce qu’on a laissé se produire de tels agissements. »