(Washington) Tellement convaincu que sa réélection dépend de la vigueur de l’économie, dont il ne cesse de vanter la bonne santé, le président Trump se met en mode gestion de crise au moindre signe d’affaiblissement économique.

Impopulaire et doté d’un bilan législatif relativement pauvre, M. Trump entre dans la campagne présidentielle de 2020 en faisant face à des vents contraires, sauf sur le plan économique.  

La croissance est au rendez-vous depuis une décennie maintenant et Donald Trump s’en attribue tout le crédit possible, citant à l’envi le taux de chômage au plus bas depuis presque 50 ans et l’économie «la plus dynamique» de la planète.

Mais il évite de parler des mauvaises nouvelles, comme ce signal d’alarme lancé par les marchés financiers la semaine dernière.

Les rendements des obligations à 10 ans du Trésor américain sont brièvement tombés sous ceux des bons à deux ans-l’inverse de ce qui est censé se produire.

Cet «inversement de la courbe» des taux est un phénomène statistique qui, dans le passé, a été le signe précurseur d’une récession.

Ajoutez à cela les craintes grandissantes des retombées de la guerre commerciale sino-américaine, les avertissements de l’Allemagne quant à un ralentissement et le chaos britannique autour du Brexit et surgit alors le gros mot de «Récession» qui fait de nouveau partie des conversations.  

Sauf si vous vous appelez Donald Trump.  

REUTERS

Donald Trump répond aux journalistes dans le bureau Ovale mardi.

«Le mot “récession” est inapproprié», a lancé le président américain devant des journalistes à la Maison-Blanche mardi. «Nous sommes très loin d’une récession», a-t-il assuré.

Dans le monde du milliardaire républicain, il ne peut y avoir de repli économique. Plus tôt mardi, il a tweeté ou retweeté plus d’une douzaine de personnes se vantant de la vigueur de l’économie de la première puissance mondiale.

«Trump fait vibrer cette économie comme un moteur bien huilé», était-il écrit dans l’un de ces tweets.

Les conseillers de l’ancien magnat de l’immobilier ont également inondé les médias d’interviews dans lesquelles ils martèlent le même message.

«Ne craignons pas d’être optimistes!», a déclaré dimanche Larry Kudlow, un gourou de l’économie à la Maison-Blanche.

Jeu des reproches

Donald Trump néanmoins est inquiet. Il trouve déjà des personnes à blâmer pour cette récession qui, dit-il, ne se produira pas.

Sa cible numéro un est la Réserve fédérale, qu’il attaque, rompant avec toutes les traditions, depuis des mois à cause de la réticence de la Banque centrale à baisser les taux d’intérêt.

AP

Jerome Powell

Il a ainsi traité la semaine dernière son patron Jerome Powell d’«incompétent».  

Son bouc émissaire numéro deux sont les médias, accusés par le président et ses collaborateurs de vouloir délibérément attiser les craintes de récession.  

Leur but? Handicaper, par ricochet, le bilan du républicain.  

«Ils mettent en avant le mensonge de la récession. Le fait est que beaucoup de gens de gauche veulent que ces horribles choses deviennent réalité», a déclaré le porte-parole adjoint de le Maison-Blanche, Hogan Gidley, sur Fox News.  

Réduction d’impôts

Selon l’enquête d’un groupement professionnel d’économistes, une large majorité de ceux-ci (72%) pense qu’il y aura un ralentissement économique avant la fin 2021.

La moitié des pronostiqueurs interrogés par la National Association for Business Economists prévoient même une récession dès 2020, ce qui nuirait à la campagne de réélection de Donald Trump.  

De hauts responsables de la Maison-Blanche réfléchissent donc à plusieurs mesures destinées à stimuler l’économie, notamment en réduisant temporairement des charges sociales pour augmenter la paie des travailleurs.

«Nous y pensons», a confirmé Donald Trump mardi. «Il considère de nouvelles réductions d’impôts» avait reconnu Hogan Gidley auparavant.

Selon le New York Times, l’imposition de nouveaux tarifs douaniers par l’administration Trump sur des marchandises chinoises est aussi à l’étude.  

Le locataire de la Maison-Blanche a assuré mardi qu’il n’était «pas prêt à faire accord» avec la Chine. «On est en train de gagner!», a-t-il encore martelé.