(Washington) D’un côté, le secteur industriel déprime, de l’autre, le consommateur a le moral : l’économie des États-Unis montre des signes ambivalents, mêlant inquiétude et vitalité vis-à-vis du ralentissement mondial.

Les consommateurs américains ont dopé leurs dépenses en juillet, les ventes au détail ayant grimpé de 0,7 %, bien au-dessus des attentes des analystes.  

Magasins et distributeurs en ligne d’appareils électroniques, d’habillement et d’ameublement ont vu leurs ventes gonfler le mois dernier.  

Walmart, numéro un mondial de la distribution, qui annonçait ses résultats jeudi, a battu les prévisions de bénéfice au 2e trimestre et se montre optimiste pour le reste de l’année.

Si les ventes au détail ne représentent environ qu’un gros quart de la consommation — car les Américains dépensent davantage dans les services — elles donnent une première idée de l’évolution des dépenses de consommation des ménages.

La consommation est la locomotive de l’économie américaine, générant 75 % de la croissance du PIB.

Alors que la croissance du Produit intérieur brut a atteint 2,1 % en rythme annuel au 2e trimestre, l’expansion du 3e trimestre devrait se tasser un peu, mais rester soutenue autour de 1,9 %, selon la dernière projection de la banque centrale régionale d’Atlanta.

« Nous pensons que la solide confiance des consommateurs, les fortes créations d’emplois, la faible inflation et la croissance des salaires vont continuer à soutenir les dépenses de consommation au 3e trimestre, ce qui va contrebalancer le ralentissement de la croissance », a estimé Gregory Daco, économiste en chef pour les États-Unis d’Oxford Economics.

Car si l’optimisme semble de rigueur chez le consommateur, les industriels sont plus inquiets face à l’affaiblissement de l’économie à l’étranger et aux tensions commerciales.

La production industrielle américaine s’est repliée en juillet (-0,2 %) pour la seconde fois en quatre mois, plombée par un recul encore plus important (-0,4 %) de la production manufacturière.

Déclin manufacturier

Sur un an, de juillet 2018 à juillet 2019, la production industrielle, secteur cher à l’administration Trump qui veut « rendre à l’Amérique sa grandeur », n’a progressé que de 0,7 %.

« Ce secteur manufacturier est en récession, mais pas au point de menacer l’ensemble de l’économie », a commenté Ian Shepherdson, économiste en chef pour Pantheon Macroeconomics.

Pour Andrew Hunter, économiste pour Capital Economics, « la récession manufacturière s’est poursuivie au début du 3e trimestre. Mais les derniers chiffres donnent des raisons d’être optimiste, de même que les chiffres des ventes de détail ».

« Il y a peu de signes que le malaise s’étende plus largement à l’économie », estime-t-il aussi.

Consciente des signes d’affaiblissement de l’activité, mais aussi de l’importance de la consommation pour la croissance, l’administration Trump a levé le pied dans l’escalade des tarifs douaniers avec la Chine.  

En début de semaine, le président américain a reporté à la mi-décembre l’imposition de taxes supplémentaires sur une partie des 300 milliards de dollars de marchandises chinoises importées qui devait entrer en vigueur dès le 1er septembre.

De son propre aveu, Donald Trump a admis ne pas vouloir mettre en danger la saison des achats de fin d’année. Une hausse des tarifs douaniers sur les produits de grande consommation, allant des téléphones aux jouets, tous fabriqués en Chine, risquerait en effet d’être répercutée sur les prix à la vente aux États-Unis.

« Les consommateurs sont dans la meilleure forme de tous les temps, avec plein d’argent », a lancé Donald Trump dans un tweet jeudi.

Devant la presse plus tard dans la journée, Donald Trump a par ailleurs assuré que la prochaine session de négociations commerciales entre Pékin et Washington programmée début septembre était « toujours prévue ».

« Nous parlons au téléphone, nous avons des entretiens productifs », a-t-il affirmé.

Il a répété que la Chine « voulait parvenir à un accord » commercial et qu’il allait « bientôt » parler au président chinois Xi Jinping.

Alors que sur le front international, la conjoncture s’affaiblit — l’activité en Allemagne et en Grande-Bretagne s’étant contractée au 2e trimestre — les investisseurs se sont rués sur les bons du Trésor américains, provoquant une forte volatilité boursière et une chute des rendements sur les obligations d’État.