(Biarritz) Le G7 qui se tient à Biarritz du 24 au 26 août ne fait pas que des heureux : il permettra assurément un coup de projecteur sur la ville, mais fait craindre un manque à gagner et des tracas aux commerçants ou habitants de la cité balnéaire.

« On est dans le flou, on ne sait pas ce que ça va donner, mais on sait que ce sera compliqué pour nous, notamment avec les fournisseurs », commente Marie Moreau, employée dans le café des halles de la ville, l’Amuse-Gueule, dans la « zone bleue ».  

Zone bleue, zone rouge, c’est ainsi que l’on désigne les deux périmètres de sécurité établis pour le sommet des chefs d’État.

La plus stricte, la rouge ou « zone de protection renforcée » ou « Z1 » – interdite sauf accréditations – concerne toute la bande littorale et les lieux où se dérouleront les rencontres et autres réunions, à savoir le prestigieux Hôtel du Palais, le casino municipal ou le casino Bellevue.  

Un peu plus large, « la zone bleue » ou « zone de protection » ou « Z2 », englobe une bonne partie du centre-ville. Pour y circuler, habitants et commerçants, ou toute personne amenée à s’y rendre, devront se munir d’un badge, préalablement demandé auprès de la mairie.

« J’habite en zone bleue, mais de l’autre côté de ma rue, où se trouve la mairie, c’est en zone rouge. Je ne pourrai pas traverser », souligne Jacques Larre, un habitant du centre qui « pense quand même que ce G7 est une bonne chose pour Biarritz, pour faire connaître la riche histoire de cette station ».

Nicolas Richer, responsable du Bar des Colonnes, près de la mairie, ne nie pas « le sacré coup de pub pour la ville », mais regrette, comme beaucoup de commerçants, le choix de la date.

« Ce sont trois jours sur le papier, mais on ne circulera plus en ville bien avant. Ça tombe dans le plus gros mois, presque trois semaines, c’est notre plus grosse période ».

Rester ouvert ou fermer ?

Un peu plus loin, sur la place Bellevue, devant le casino où se rendront les chefs d’État, la sécurité sera drastique. « La place sera interdite au public et même aux journalistes, mais on nous demande de rester ouverts pour ne pas faire ville morte. Par contre, il faudra fermer les stores à chaque fois qu’une délégation officielle passera devant la boutique », soupire Valentin, commerçant d’une boutique de vêtements.

Et dans cette ville haut lieu du surf – et candidate à l’épreuve des JO-2024 – même les surfeurs sont… dans le vague. Deux des trois « spots », la Grande Plage et la Plage Miramar, seront fermés et toute activité nautique interdite du 23 au 26 août. Mais pour le plus couru, à 2 km, la Côte des Basques, coupée en deux par la « zone bleue » ? « Même ça c’est encore indécis, on ne sait pas comment ça va se passer », commente Rémi, maître-nageur et surfeur.  

À Bayonne, la ville voisine, c’est davantage le sujet des manifestations qui émeut.  

 « La préfecture nous a conseillé de fermer pendant les trois jours du sommet, parce qu’on ne sait pas comment ça peut tourner. On a une grande terrasse et en plus, on a une banque juste en face, ils vont être les premiers visés », commente Mickael Grandclaude, gérant d’un restaurant bayonnais du centre.

Malgré l’interdiction de manifester dans les communes limitrophes de Biarritz, les anti-G7 ont d’ores et déjà annoncé la tenue d’actions.

 « Moi, je ne veux pas tomber dans la psychose, j’ai des voisins qui ferment, mais je resterai ouvert. Si ça tourne mal, on fermera et voilà », nuance Xina Dulong, patron du café Les Pyrénées, dans le quartier du Petit Bayonne.

Par ailleurs, une pétition lancée par une association bayonnaise à tendance écologiste dénonce « le fait du prince et le gaspillage scandaleux que suppose la tenue du G7 à Biarritz en plein mois d’août ». Elle a recueilli près de 4000 signatures mardi.