Les producteurs laitiers, de volailles et d’œufs devront encore patienter un peu avant de se faire compenser par Ottawa pour les pertes encourues par la conclusion d’accords commerciaux. Pendant ce temps, Québec commence à s’impatienter.

La ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, admet que le mécanisme de compensations pour les producteurs sous la gestion de l’offre est plus complexe qu’anticipé pour s’adapter aux besoins des différents groupes.

Certains groupes demandent des compensations directes, alors que d’autres souhaitent des programmes d’investissements, illustre-t-elle.

Le plus récent budget fédéral prévoyait 3,9 milliards de dollars pour les producteurs agricoles. Mme Bibeau dit qu’elle est encore dans la « mécanique », mais que l’argent sera bel et bien versé. « On parle de quelques milliards de dollars à des milliers de producteurs. Distribuer ça, ce n’est pas simple », assure-t-elle.

Il est toujours prévu d’annoncer les sommes promises d’ici la fin du mandat du gouvernement Trudeau, mais avant la campagne électorale.

Le ministre québécois de l’Agriculture, André Lamontagne, assure avoir soulevé l’enjeu lors de la réunion annuelle des ministres fédérale, provinciale et territoriale qui s’est tenue à Québec.

Par voie de communiqué, M. Lamontagne a tenu à rappeler que « les producteurs laitiers, entre autres, ont fait preuve de patience » et a réaffirmé « l’importance de faire connaître, sans plus attendre, les modalités et les conditions du versement des compensations financières aux producteurs ».

Dans un communiqué, les Producteurs laitiers du Canada (PLC) ont exhorté le gouvernement fédéral à respecter sa promesse « d’indemniser entièrement et équitablement les producteurs laitiers pour les impacts négatifs » de ces accords.

« Lorsqu’elle a pris la parole à l’assemblée générale annuelle des PLC à Saskatoon, la ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, s’est engagée à fournir les détails des mesures d’indemnisation avant la fin du mandat actuel du gouvernement fédéral. À cet égard, les PLC s’attendent à ce que la ministre respecte son engagement », a déclaré le président Pierre Lampron.

Le conflit en Chine inquiète

Le ministre Lamontagne appelle également Ottawa à prendre des « mesures de soutien significatives » pour les producteurs et les transformateurs de porc et de bœuf si le conflit commercial avec la Chine venait à perdurer.

Rappelons que la Chine a bloqué les exportations canadiennes de viande vers son territoire, fin juin, après la découverte de dizaines de fausses certifications d’exportation de porc.

La ministre Bibeau a défendu l’approche de ses fonctionnaires, qui consiste à démontrer la qualité des produits d’ici et la rigueur du système d’inspection canadien.

Elle assure que le Canada et la Chine ont des « discussions très régulières » à ce sujet, mais il n’est pas question d’encourir à des « interventions plus musclées » même si le conflit perdure depuis près d’un mois.

La situation serait « plus difficile pour le canola » canadien, lui aussi bloqué par la Chine pour des motifs jugés injustifiés.

Les relations entre Ottawa et Pékin se sont gravement détériorées depuis décembre, lorsque Meng Wanzhou, la dirigeante de Huawei, a été arrêtée en sol canadien. Cette arrestation a été faite à la demande des États-Unis, qui veulent la traduire en justice pour fraude.

Peu de temps après, la Chine a arrêté deux Canadiens soupçonnés d’espionnage. Le Canada tente depuis plusieurs mois de faire pression sur la Chine pour les faire libérer.