(Ottawa) L’économie canadienne a enregistré sa plus forte séquence de six mois pour la création d’emplois depuis 2002, même si les données du mois de juin sont restées essentiellement stables.

Au cours du premier semestre de l’année, l’économie a créé 248 000 nouveaux postes, presque tous à temps plein, selon les données publiées vendredi par Statistique Canada.

Ces nouvelles preuves de la résilience du marché du travail — malgré un ralentissement économique au cours des premiers mois de 2019 — surviennent alors que la Banque du Canada se prépare pour sa prochaine annonce sur les taux d’intérêt, mercredi prochain.

Les économistes s’attendent généralement à ce que le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, maintienne son taux directeur stable la semaine prochaine — et plusieurs prédisent que la banque restera en attente pour le reste de l’année.

Dans l’ensemble, le rapport sur l’emploi indique que l’économie a enregistré une perte nette de 2200 postes en juin et que le taux de chômage a légèrement augmenté pour atteindre 5,5 %, contre 5,4 % en mai. Le taux de chômage de mai était le moins élevé depuis que le gouvernement a commencé à recueillir des données comparables, en 1976.

« Lorsque nous examinons la tendance de l’année dernière, la croissance de l’emploi semble encore réussir à suivre à un rythme encore plus rapide que celui de la croissance de la population », a observé Brendon Bernard, économiste pour le site de recherche d’emploi Indeed Canada.

Salaires en hausse

Le rapport vendredi a également montré que les salaires ont atteint leur plus haut niveau en plus d’un an. La Banque du Canada surveille plusieurs indicateurs de croissance des salaires avant de prendre ses décisions en matière de taux d’intérêt.

La croissance du salaire horaire moyen sur 12 mois pour tous les employés a été de 3,8 % en juin, son meilleur gain depuis mai 2018 et la deuxième meilleure lecture en dix ans. Les salaires ont grimpé ces derniers mois, ayant notamment réalisé des croissances de 2,8 % en mai et de 2,5 % en avril.

Le mois dernier, le Québec a vu son salaire horaire moyen croître de 5 %, sa plus forte progression depuis avril 2009.

Matthew Stewart, directeur des prévisions nationales pour le Conference Board du Canada, a indiqué vendredi que les gains d’emplois « restaient exceptionnellement forts », même si la croissance économique avait connu un faible début d’année.

« La meilleure nouvelle est venue du côté des salaires », a souligné M. Stewart dans un communiqué.

« Le fort resserrement des marchés du travail a manifestement un impact sur les salaires, qui ont enregistré une forte augmentation réelle. Cette augmentation devrait permettre aux ménages de continuer à augmenter leurs dépenses malgré leur niveau d’endettement très élevé et l’incertitude persistante. »

Matthieu Arseneau, économiste en chef adjoint à la Banque Nationale du Canada, a écrit dans un rapport aux clients vendredi que le nombre d’heures travaillées avait augmenté « de façon spectaculaire » de 3,4 % d’une année à l’autre — son rythme le plus rapide en sept trimestres.

« Si les heures travaillées sont une indication, le ralentissement économique a pris fin [au deuxième trimestre] », a écrit M. Arseneau.

Plus d’emplois à temps plein

Selon Statistique Canada, l’emploi était en hausse de 421 100 par rapport à l’année précédente, soit une augmentation de 2,3 %. Parmi ces nouveaux postes, 314 500 étaient à temps plein.

En juin, l’économie a créé environ 24 000 emplois à temps plein et éliminé environ 26 000 postes à temps partiel, a précisé Statistique Canada.

Les postes d’employés rémunérés ont augmenté de 39 200, avec 16 200 nouveaux emplois dans le secteur public et 23 000 dans le secteur privé. Le nombre de personnes qui se sont identifiées comme travailleurs autonomes a diminué de 41 400.

Le secteur des usines a supprimé 32 800 emplois en juin, l’essentiel des pertes ayant touché l’industrie manufacturière. Le secteur des services a ajouté 30 600 emplois le mois dernier à la suite de la montée en puissance de nouveaux postes dans les domaines des soins de santé et de l’assistance sociale.