Mois après mois, Statistique Canada nous confirme que le marché du travail se porte bien au Québec. Les chiffres officiels cachent toutefois des faiblesses auxquelles il faut s’attaquer pour créer des emplois mieux payés et de meilleure qualité.

La BMO et l’Institut du Québec se sont associés pour produire un premier diagnostic du marché du travail québécois qui tient compte non seulement du nombre, mais de la qualité des emplois créés.

« Les indicateurs économiques comme le taux de chômage et le nombre d’emplois regardent vers le passé alors qu’on a besoin de regarder en avant », résume Claude Gagnon, président de la BMO au Québec, lors d’un entretien avec La Presse.

L’Institut du Québec a ainsi développé une mesure de la qualité des emplois, pour savoir ce que les chiffres officiels ne disent pas. Elle tient compte de la rémunération, de l’inclusion et du développement des compétences. « L’idée est de créer des emplois plus intéressants, capables de retenir les étudiants étrangers qui viennent dans nos universités », illustre-t-il.

Le dirigeant de la BMO rappelle que le Québec retient à peine 12 % de ces jeunes qui viennent étudier ici, alors qu’il faudrait en garder au moins la moitié.

Ce que les chiffres mensuels de Statistique Canada ne disent pas, c’est que malgré son taux de chômage à creux historique, le Québec offre moins d’emplois aux salaires supérieurs à 25 $ l’heure que l’Ontario. Et que le Québec est bon dernier au Canada pour la diplomation au secondaire dans les temps requis.

Sonny Scarfone et Mia Homsy, les chercheurs de l’IDQ qui ont réalisé le diagnostic, ont aussi réalisé que les données sont insuffisantes pour mesurer certains aspects du marché du travail, comme l’inclusion des autochtones ou de personnes souffrant d’une incapacité, ou encore sur les résultats des efforts de formation continue.

Ils espèrent que leurs travaux serviront « à élaborer une feuille de route qui permettra de mesurer les progrès des actions mises de l’avant pour améliorer la qualité globale du marché du travail ».

« Il faudra en suivre l’évolution d’année en année pour voir s’il y a amélioration, dit Claude Gagnon. Et s’il n’y a pas d’amélioration, au moins on va savoir où on n’a pas mis suffisamment d’effort ».

Un des principaux défis, selon lui, reste l’adaptation des entreprises et des travailleurs québécois aux changements technologiques. « Nos chefs d’entreprises sont plus âgés que la moyenne canadienne et il y a des investissements à faire pour préparer l’avenir », explique-t-il.

« Aujourd’hui, on ne peut plus annoncer un projet d’investissement de X millions qui va créer X emplois. L’argent va suivre les cerveaux. Si vous avez les cerveaux, vous aurez les investissements ».

L’Institut du Québec est associé au Conference Board, qui a entrepris le même exercice à l’échelle canadienne.