(Washington) Les ventes au détail aux États-Unis ont sensiblement progressé en mai, éloignant les craintes d’un ralentissement immédiat de l’activité tandis que la production industrielle a fait mieux que prévu, selon les chiffres officiels publiés vendredi.

L’indice des ventes des détaillants et restaurants s’est établi à 519 milliards de dollars, affichant une solide progression de 0,5 % par rapport à avril, selon des données corrigées des variations saisonnières du département du Commerce. Même si les analystes anticipaient une hausse plus importante de 0,7 %, ce chiffre a été salué avec soulagement par les analystes, d’autant plus que l’estimation du mois précédent a été nettement révisée en hausse.

Sur un an, les ventes au détail, qui comptent pour beaucoup dans la croissance du PIB de la première économie mondiale même si les Américains dépensent davantage dans les services, ont grimpé de 3,2 %.  Le ministère a en outre révisé à la hausse le chiffre d’avril qui au lieu d’être en recul de 0,2 % est finalement en progrès de 0,3 %.

« Ces chiffres et révisions de taille pour les mois précédents confirment que le principal moteur de la croissance américaine ronronne encore », a commenté Kathy Bostjancic, d’Oxford Economics.

L’indice de la production industrielle publié également vendredi a aussi montré un net rebond en mai, progressant de 0,4 % après un recul de 0,5 % en avril. Les analystes s’attendaient à une plus faible performance de 0,2 %.

La production des biens de consommation a rebondi de 0,5 %, pas assez toutefois pour effacer la baisse enregistrée en avril (-1,4 %). Même chose pour le secteur de la construction : la hausse de 0,2 % vient après un recul de 0,7 %.

Sur un an, de mai 2018 à mai 2019, la production industrielle a augmenté de 2 %.

Sur le front des ventes au détail en mai, sans le secteur automobile, l’indice a également progressé de 0,5 % alors que les concessionnaires ont vu leur chiffre d’affaires grimper de 0,7 %.

Quasiment tous les secteurs étaient en hausse à part les grands magasins (-0,7 %) et les magasins d’alimentation (-0,1 %).

Les ventes d’habillement ont stagné.

Ce sont les ventes d’articles de sports, de livres mais aussi les magasins d’électronique qui ont affiché la meilleure progression (+1,1 % pour les deux secteurs).

Encore une fois, les ventes des distributeurs en ligne ont largement dépassé celles des magasins traditionnels, inscrivant une hausse de 1,4 % de leurs chiffres d’affaires, et un bond de 11,4 % sur 12 mois.

Ces données relativement robustes devraient être de nature à rassurer un peu les économistes sur l’activité économique américaine alors qu’on craint un ralentissement au deuxième semestre et en 2020, du fait des effets de la guerre commerciale et de l’essoufflement du stimulus des réductions d’impôts.

Ils sont publiés alors que la Réserve fédérale (Fed) tient une réunion monétaire la semaine prochaine et que les marchés commencent à réclamer une baisse des taux d’intérêt.

La Fed devrait toutefois mercredi laisser en l’état le coût de l’argent, historiquement bas, estiment de nombreux économistes, même si la banque centrale pourrait indiquer qu’elle se tient prête à intervenir si les risques de ralentissement se matérialisent.

Pour Andrew Hunter, économiste à Capital Economics, la bonne performance des ventes au détail « suggère que la croissance de la consommation va accélérer à 3,5 % en rythme annualisé au 2e trimestre » (contre 1,3 % au 1er trimestre).  

Mais Capital Economics continue de « s’attendre à un ralentissement sévère de la croissance dans les mois qui viennent qui devrait convaincre la Fed de baisser les taux d’intérêt » ce qui pourrait, selon eux, intervenir en septembre.