Tout ne va pas aussi bien que ça en a l’air au Canada, préviennent les dirigeants de grandes entreprises canadiennes, qui préparent une feuille de route afin que le prochain gouvernement fédéral puisse agir sans attendre pour redresser la situation.

Dans une lettre ouverte aux dirigeants de tous les partis fédéraux qui se préparent à la bataille électorale, le Conseil canadien des affaires souligne que pendant que plusieurs pays travaillent fort pour améliorer leur sort, le Canada se complaît dans le statu quo.

« Le Canada semble trop souvent se satisfaire de la situation actuelle », écrivent les dirigeants, qui ont formé un groupe de travail pour proposer des façons d’améliorer l’avenir.

Le président de la Banque Nationale, Louis Vachon, l’un des coprésidents de ce groupe de travail, souligne que leur intention n’est pas d’être alarmistes, mais réalistes.

« On ne pense pas en fonction des 18 prochains mois, mais pour les 3, 5 ou 10 prochaines années. » — Louis Vachon, lors d’un entretien avec La Presse

La croissance du PIB se poursuit et le taux de chômage est à un creux historique, mais l’économie canadienne montre quand même des signes inquiétants. Le vieillissement de la population et la faible productivité, notamment, risquent de peser sur la croissance des prochaines années.

« Je peux citer beaucoup d’exemples d’entreprises canadiennes qui ont des plans d’expansion aux États-Unis, pas seulement à cause des tensions commerciales, mais parce qu’elles ne trouvent pas la main-d’œuvre qu’il leur faut au Canada », illustre Louis Vachon.

Élargir le débat

La pénurie de main-d’œuvre est l’un des facteurs que les chefs d’entreprises jugent stratégiques pour l’avenir du Canada, avec l’énergie et les infrastructures, la fiscalité, la réglementation et l’innovation.

Trois tables rondes seront organisées au cours des prochains mois à Montréal, Toronto et Calgary pour recueillir le plus grand nombre de solutions aux défis qui attendent les Canadiens. « On ne veut pas présenter notre liste au prochain gouvernement, mais la liste au plus grand nombre de gens possible », précise le président de la Banque Nationale.

Une synthèse de ces discussions sera publiée avant le début de la campagne électorale et des recommandations finales seront faites au prochain gouvernement.

Le clivage du débat politique est aussi une source d’inquiétude pour le Conseil canadien des affaires. « On s’adresse à tous les partis politiques et on veut s’assurer que le dialogue social se maintienne, résume Louis Vachon. Et on est prêt à s’engager comme on l’a déjà fait dans le passé. »

Le Conseil canadien des affaires en bref

Le Conseil canadien des affaires (Business Council of Canada) représente des dirigeants de grandes entreprises qui emploient quelque 1,7 million de personnes au Canada. Les grands patrons de Teck Resources, Dupont Canada, CAE et Air Canada comptent parmi ses membres.