(Washington) En dépit des avertissements des entreprises américaines, des élus américains et mexicains, le président Donald Trump a réitéré sa menace, vendredi, d’imposer des tarifs douaniers de 5% sur les importations mexicaines, dans le but de forcer Mexico à s’attaquer aux migrants qui tentent de franchir la frontière des États-Unis.

Des manufacturiers américains ont déclaré que le droit de douane, qui devrait entrer en vigueur le 10 juin, aurait des conséquences dévastatrices pour eux et les consommateurs. La Bourse de New York a d’ailleurs connu une baisse après que les mesures eurent été annoncées par Donald Trump.

«Imposer des droits de douane sur les marchandises en provenance du Mexique est le geste parfaitement incorrect à faire, a déclaré le vice-président exécutif de la Chambre de commerce américaine, Neil Bradley, qui envisage des actions judiciaires. Ces tarifs douaniers seront payés par les familles et les entreprises américaines sans résoudre les problèmes à la frontière. Il faut plutôt que le Congrès et le président travaillent ensemble pour résoudre la situation grave à la frontière.»

Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, a dépêché son secrétaire des Affaires étrangères à Washington pour tenter de trouver une solution. Il a déclaré que les problèmes sociaux ne sont pas résolus par des mesures coercitives. Le chef d’État mexicain semblait également convaincu que son homologue avait simplement besoin d’être informé des mesures entreprises par le Mexique pour ralentir la migration illégale.

Cette année, le Mexique a notamment intensifié ses rafles sur les caravanes de migrants traversant les États du Chiapas et d’Oaxaca et en a déporté des milliers d’autres.

Des responsables de l’administration Trump ont déclaré, jeudi, que le Mexique pourrait empêcher les droits de douane d’entrer en vigueur en sécurisant sa frontière avec le Guatemala, en réprimant les groupes qui font le passage de clandestins et en concluant une Entente sur les tiers pays sûrs.

Le président Trump a indiqué que le pourcentage des tarifs douaniers augmenterait progressivement jusqu’à ce que le problème de la migration soit résolu et que cette surtaxe pourrait atteindre 25%.

Cette décision démontre que l’administration Trump cherche de nouveaux leviers pour faire pression sur le Mexique, même si ceux-ci pourraient compromettre d’autres priorités politiques, telles que l’accord États-Unis-Mexique-Canada, un traité commercial pouvant aider la réélection de Donald Trump.

Maintenir une bonne économie est également essentielle à la réélection de Donald Trump et les entreprises sont insatisfaites de ce nouveau tarif sur les importations mexicaines.

«Nous avons fait part de nos préoccupations à l’administration et nous l’invitons à revoir l’impact qu’aurait cette action sur les familles dans tout le pays», a déclaré Jay Timmons, président-directeur général de la National Association of Manufacturers.

Certains républicains du Congrès se sont opposés au tarif. Des sénateurs républicains se sont également présentés chaque semaine à la Maison-Blanche pour convaincre le président d’abandonner ses guerres commerciales.

AP

John Cornyn

Le sénateur républicain du Texas, John Cornyn, appuie le président dans son effort de sécuriser la frontière, mais il s’oppose à un tarif douanier, qui «nuira de manière disproportionnée au Texas».

Le sénateur républicain de la Pennsylvanie, Pat Toomey, a qualifié les droits de douane de «mauvaise solution».

La menace tarifaire survient à un moment particulier, considérant les efforts importants faits par l’administration Trump pour que le nouvel Accord de libre-échange nord-américain soit adopté.