(Moscou) Les États-Unis ont décidé de ne pas envoyer de diplomate début juin au principal rendez-vous politico-économique russe, le Forum de Saint-Pétersbourg, pour protester contre les poursuites visant le financier américain Mike Calvey, assigné à résidence.

L’ambassadeur des États-Unis en Russie, John Huntsman, ne se rendra pas à ce grand raout voulu par le Kremlin comme un « Davos russe », a indiqué à l’AFP une porte-parole de l’ambassade, précisant qu’aucun autre diplomate américain ne le représenterait.

« Il serait difficile pour lui de s’y rendre alors que l’investisseur américain Michael Calvey est détenu et accusé devant un tribunal pénal pour des questions relatives à un litige économique », a indiqué à l’AFP une porte-parole de l’ambassade.

« L’assignation à résidence et les poursuites pénales contre M. Calvey sapent les efforts déployés pour créer la stabilité nécessaire pour attirer de nouveaux investissements et encourager des relations commerciales plus solides », ajoute l’ambassade.

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L’investisseur américain Michael Calvey est en attente d’un éventuel procès pour fraude.

L’Américain, qui mène ses activités en Russie depuis plus de 20 ans à la tête du fonds Baring Vostok, avait été arrêté le 15 février puis placé en détention préventive dans l’attente d’un éventuel procès pour fraude impliquant cinq autres personnes, dont le Français Philippe Delpal.

Il a depuis été assigné à résidence, alors que son collègue français reste en détention.

Ils sont soupçonnés d’être à l’origine d’une fraude d’au moins 2,5 milliards de roubles (environ 52,2 millions de dollars canadiens), alors qu’ils clament leur innocence et que cette affaire n’est que le résultat d’une dispute commerciale entre deux actionnaires.

Les États-Unis disposaient en 2018 d’une des plus grandes délégations étrangères au forum économique de Saint-Pétersbourg, qui aura lieu cette année du 6 au 8 juin.

« C’est un rendez-vous important et beaucoup de nos entreprises y seront », avait affirmé en avril à l’AFP Alexis Rodzianko, le président de la Chambre de commerce américaine en Russie. « Cela a un impact psychologique, mais nos entreprises sont là depuis 25 ans, certaines depuis 100 ans, elles ont vu beaucoup de choses en Russie ».

Les tensions actuelles « affecteront surtout les investissements privés » plutôt que les affaires en cours des grandes entreprises, ajoutait-il.