(Montréal) Crédit d’impôt pour relève bénévole. Crédit d’impôt pour activités des aînés. Crédit d’impôt pour répit à un aidant naturel.

Dans sa plus récente étude, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques invite les gouvernements à revoir les différents crédits d’impôt destinés aux personnes âgées et à intervenir plus judicieusement en ajoutant des paliers d’imposition.

L’IRIS a étudié 26 crédits d’impôt, tant au fédéral qu’au provincial, qui s’adressent aux personnes âgées ou qui sont largement utilisés par elles. Le crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés, le crédit d’impôt pour frais médicaux et le crédit d’impôt en raison de l’âge sont parmi les plus connus.

1 problème = 1 crédit d’impôt

Les gouvernements en ont fait un mode de gestion fiscale : « un problème : un crédit d’impôt », a déploré au cours d’une entrevue Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS et auteur de l’étude.

« Par exemple, quand ils sont mis face à la question de l’isolement des aînés, ils nous sortent un crédit d’impôt pour activités des aînés. » Or, ce crédit d’impôt accorde un montant maximal de 40 $, illustre M. Hébert.

Il propose donc de revoir ces crédits d’impôt. « Le meilleur instrument, comme société, c’est encore l’impôt progressif », qui est plus équitable, estime-t-il.

« Depuis le tournant des années 2000, on a donné à plusieurs reprises des baisses d’impôt qui ont servi davantage aux plus riches. Et, pour compenser ça, on a donné des crédits d’impôt. Mais, à la base, si on avait davantage de paliers d’imposition et qu’on allait chercher davantage chez les plus hauts revenus, bien ce serait plus efficace, de notre point de vue, plutôt que de multiplier les crédits d’impôt dont certains, présentement, sont juste symboliques », résume M. Hébert.

Il conseille aussi aux gouvernements de faire mieux connaître ces crédits d’impôt, par une bonne campagne de promotion, puisque certains sont peu utilisés.

Financement des services publics

Mais il faudra aussi mieux financer les services publics, s’empresse-t-il d’ajouter.

Par exemple, le recours au crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés a crû de 162 % en 10 ans. Si les personnes âgées s’en prévalent tant, explique M. Hébert, c’est parce que les soins à domicile ne sont pas pleinement assurés par le réseau public.

En fin de compte, c’est donc l’entreprise privée qui profite de ce crédit d’impôt pour maintien à domicile des aînés, conclut-il. « Cette évolution accompagne le développement effréné des résidences privées pour personnes âgées au Québec », souligne le chercheur dans son étude d’une cinquantaine de pages.

Le phénomène est semblable pour ce qui est du crédit d’impôt pour frais médicaux, note-t-il. Son utilisation a crû de 84 % en 10 ans.

« Le gouvernement devrait avoir pour objectif, à terme, de réduire l’utilisation des dépenses fiscales. […] Elles ne sauraient remplacer un impôt plus progressif, des services publics adéquats et des prestations publiques minimales qui garantissent aux aînés un revenu permettant une vie digne », conclut M. Hébert.