« À compter de lundi, le Canada devient le seul pays au monde à avoir un accès total et sans restriction aux États-Unis », se réjouit au bout du fil le président de l’Association de l’aluminium du Canada, Jean Simard.

Le Mexique, qui bénéficie lui aussi d’un accès total, ne fabrique pas de lingots d’aluminium. Quant aux autres pays producteurs, ils continuent d’être frappés d’un tarif de 10 % dans le cas de l’aluminium et de 25 % dans le cas de l’acier.

« On ne sait pas pendant combien de temps les tarifs américains vont continuer à s’appliquer aux autres pays, mais soyez assurés que l’on compte bien en profiter », ajoute M.  Simard.

Économiste en chef de la Banque de développement du Canada (BDC), Pierre Cléroux comprend l’enthousiasme du président du lobby de l’or gris. « En permettant des échanges sans droit de douane, explique-t-il, le libre-échange a favorisé l’intégration de l’industrie de l’aluminium à l’échelle nord-américaine. Avec un environnement sans tarif, on revient à la normale. »

Les livraisons canadiennes d’acier et d’aluminium représentent 2,5 % de l’ensemble des exportations canadiennes et 4,1 % des exportations québécoises, selon la BDC.

« À l’échelle de l’économie, ce n’est pas majeur ; mais, pour les entreprises de ces secteurs, c’est majeur », indique M.  Cléroux.

L’industrie de la construction profitera de la disparition des tarifs, croit-il par ailleurs. « Une entreprise à Montréal qui achetait de l’acier des États-Unis devait payer un tarif. Dans la construction, c’est sûr que la levée des tarifs va faire baisser les coûts de l’acier et de l’aluminium. »

Plus d’investissements à prévoir

Chez les Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), on a une pensée pour les PME qui devaient importer des composants d’acier des États-Unis frappés d’un tarif compensatoire canadien. « C’est une situation qui affectait beaucoup de PME ; les gouvernements ont mis en place des mécanismes, néanmoins les entreprises devaient absorber une hausse de coûts importante en plus de subir de grosses pertes de temps et d’énergie », explique Véronique Proulx,  PDG de l’association.

Elle souhaite maintenant que ses membres qui ont peut-être remisé leurs projets d’investissement en raison de l’incertitude causée par les tarifs ressortent leurs plans d’expansion.

M.  Cléroux relate sa visite la semaine dernière chez un fabricant de pièces. Celui-ci lui a expliqué qu’il avait été obligé d’absorber les tarifs à même sa marge bénéficiaire. « Quand tu fais moins de profit, tu investis moins. Cette entreprise va maintenant avoir plus d’argent pour investir », fait-il valoir.

Pour Stéphane Forget, PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, les tarifs pénalisaient beaucoup d’entreprises et menaçaient les collectivités. « Si un utilisateur d’acier de Sorel, par exemple, risquait de faire des mises à pied en raison des tarifs qui étaient tellement élevés, inévitablement il y aurait eu des conséquences dans les collectivités », dit-il.

Les associations patronales souhaitent que cette décision marque la normalisation des relations commerciales entre les deux pays. « Cette annonce marque une avancée importante en faveur de collaborations plus saines en matière d’économie continentale, en permettant d’entrevoir le retour à des relations commerciales solides et constructives avec nos voisins du Sud », écrit le Conseil du patronat du Québec (CPQ) dans un communiqué.

Le CPQ et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) réitèrent l’importance de continuer à diversifier les marchés du Canada pour assurer la vitalité des entreprises.