(Ottawa) Dénouement imminent, peut-être, mais laissons le champagne au frais.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a fait un saut à Washington, mercredi, pour tenter encore une fois d’obtenir l’élimination des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium canadiens.

Un peu plus tôt, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, estimait que les États-Unis étaient tout près d’une « entente de principe » avec leurs deux voisins nord-américains pour la suppression définitive de ces droits de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium.

M. Mnuchin, membre influent de l’administration de Donald Trump, a rappelé devant le sous-comité des crédits du Sénat américain que la levée de ces tarifs douaniers constituait un élément important de la ratification éventuelle de l’accord de libre-échange nord-américain récemment négocié par les trois pays. Il a ajouté que le président Trump avait donné des instructions pour sortir de l’impasse dans ce dossier.

Mme Freeland, quant à elle, n’avait pas de grandes annonces à faire à l’issue de son entretien en matinée avec le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer. « Nous avons fait valoir, comme nous le faisons depuis un certain temps, que le meilleur résultat pour les Canadiens et les Américains serait de lever ces tarifs et de permettre le libre-échange entre nos deux pays », a déclaré Mme Freeland.

La ministre a par la suite rencontré au Capitole l’influent président du Comité sénatorial des finances, le républicain Chuck Grassley, qui exprimait son optimisme, plus tôt cette semaine, quant à la levée prochaine des tarifs douaniers.

Mme Freeland a ensuite exprimé son optimisme quant aux progrès graduels réalisés jusqu’ici, bien qu’elle ait refusé de spéculer publiquement sur l’imminence d’une résolution de ce différend commercial entre le Canada et les États-Unis.

La ministre canadienne s’est ensuite éclipsée vers La Havane, où elle insistera auprès de son homologue sur le soutien indéfectible de Cuba au président vénézuélien Nicolas Maduro. Le Canada et ses alliés du groupe de Lima, ainsi que les États-Unis, considèrent le président Maduro comme un dictateur qui a appauvri son peuple et devrait renoncer au pouvoir.

À Ottawa, le ministre des Finances, Bill Morneau, a estimé que le dossier des tarifs douaniers progressait, « mais qu’il reste évidemment beaucoup de travail à faire ». M. Morneau a soutenu qu’il évoquait les tarifs avec son homologue Mnuchin chaque fois qu’ils discutaient ensemble, notamment dans un appel téléphonique la semaine dernière et en tête à tête, le mois dernier à Washington, lors des réunions de la Banque mondiale et des ministres des Finances du G20.

« Je défends régulièrement le point de vue selon lequel ces tarifs nuisent non seulement à l’économie canadienne — aux producteurs et aux acheteurs d’acier —, mais qu’ils sont également préjudiciables à l’économie américaine », a déclaré M. Morneau.

Des tarifs, malgré l’accord

Le président Donald Trump a imposé au Canada et au Mexique des droits de douane sur l’acier et l’aluminium lors des longues négociations commerciales nord-américaines, en utilisant une section de la loi qui permet au président américain de taxer des importations pour des raisons de sécurité nationale. Les négociateurs des trois pays ont depuis conclu un nouvel accord de libre-échange, mais les tarifs douaniers américains subsistent.

Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a reconnu devant les sénateurs ce que soutiennent les chefs d’entreprise des trois pays ainsi que les élus américains des deux partis : ces droits de douane doivent être levés pour que les législateurs puissent ratifier l’accord de libre-échange nord-américain récemment négocié.

« Je peux vous assurer que le Canada et le Mexique sont prioritaires », a déclaré M. Mnuchin. « Le président nous a demandé d’essayer de trouver une solution. Il s’agit d’un élément très important de la réussite de l’accord de libre-échange, un accord économique très important pour deux de nos plus importants partenaires commerciaux. »

La visite de Mme Freeland intervient après ce qu’elle a décrit comme « quelques bonnes conversations » entre M. Trump et le premier ministre Justin Trudeau lors d’appels téléphoniques successifs à la fin de la semaine dernière.

M. Lighthizer devait aussi rencontrer mercredi la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, pour discuter de ces tarifs douaniers — et du différend plus large entre les États-Unis et la Chine. Mme Pelosi et ses collègues démocrates à la Chambre ont exprimé des inquiétudes quant à la ratification du nouvel accord commercial, en raison notamment des droits des travailleurs au Mexique.

Lors de sa rencontre avec M. Lighthizer, la ministre Freeland a d’ailleurs informé son interlocuteur qu’elle avait eu un entretien mardi à Toronto avec deux membres du nouveau gouvernement mexicain, qui envisage d’importantes réformes du travail pour s’acquitter de ses obligations découlant du nouvel accord commercial.

« Nous avons discuté des moyens par lesquels le Canada peut soutenir le Mexique dans cet effort important, qui profite aux travailleurs mexicains et aux travailleurs nord-américains », a-t-elle déclaré. « Le Canada est un sincère partisan des droits syndicaux et nous sommes heureux de discuter de cette question importante avec nos collègues mexicains. »